Toutes les photos des spectacles sont de Désiré Kinzenguele, merci!
Retrouvez tout le programme de la 18e édition par ici





























































Rencontres internationales de théâtre en décembre à Brazzaville, Congo. Direction artistique Sylvie Dyclo Pomos
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La journaliste Raitel Yengo a couvert l’édition 2019 du festival Mantsina sur scène lors d’une émission spéciale consacrée au festival! Avec les interviews de Baman Moore qui a participé à l’atelier Les Bruits de Mantsina, de Valérie Manteau qui l’a co-animé avec Julie Peghini, de l’artiste Alégra Nicka qui présentait une exposition de peinture à l’espace des Ateliers Sahm, Stan Matingou qui jouait le monologue L’Aube des insurrections perlières, Aimée Mavoungou régisseuse sur Hamlet de David Bobée…
réécoutez l’émission en ligne:
Les participants des Bruits du Mantsina, un atelier journalisme, avec Prince Baman Moore, Credo Eguenin, Roxiane Kouvoulou, Dexter Milandou, Roston Samba, Raïtel Yengo et Rodney Zabakani, mené par Valérie Manteau et Julie Peghini, vous disent au revoir!
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Nous vous retrouvons l’année prochaine. Nous sommes tristes de ne pas avoir couvert pour vous l’intégralité des spectacles du festival, par manque de temps, mais nous ferons mieux l’année prochaine!
Bon vent et que vive le Mantsina!
« L’Aube des insurrections perlières » est le recueil de poèmes de Huppert Malanda adapté au théâtre par le comédien Stan Matindou. Ce spectacle vécu le 21 décembre 2019 à l’espace Tabawa à Bacongo, 2e arrondissement de Brazzaville, entrait dans le cadre de la seizième édition du festival international de théâtre Mantsina sur scène. Une chaise en plastique, assistée des feuilles blanches soigneusement posées au sol constituait le décor de ce monologue. Le comédien imperturbable avait deux postures durant le spectacle, même s’il est resté plus debout qu’assis. Il pouvait se faire remarquer à quelques mètres par sa chemise banche enfilée dans un pantalon noir, supporté par des bretelles noires. En dépit de l’irruption des fientes d’un oiseausorti de nulle part sur la tête de Stan Matingou, ses allures sont restées constantes jusqu’au début de l’interview.
Les Bruits de Mantsina: Vous êtes certes un habitué du monologue, mais l’adaptation de la poésie demande d’autres aptitudes?
Stan Matingou: Ce n’est pas facile, parce que la poésie est un genre hermétique. On a l’impression que c’est réservé à une élite. Ce que j’ai apprécié de prime abord dans ce texte, il parle de l’Afrique, et du printemps arabe que je n’ai pas mis. Je crois que je vais revoir mon spectacle à l’avenir. Il parle de la vie, de la fleur, de l’eau; de tout. C’est magnifique comme texte!
Les Bruits de Mantsina: Vous avez su donner un visage à ce texte.
Stan Matingou: Ah ben oui! C’est ça! Le théâtre est un art vivant. Si tu n’as pas vraiment la perche, ce n’est pas la peine. C’est pourquoi l’adaptation de la poésie au théâtre ne doit pas dépasser une heure. Sinon, les spectateurs se fatiguent. Ils ne vont rien comprendre. Il ya tellement de mots qui s’enchainent. Il faut à la rigueur 45 minutes dans l’adaptation de la poésie au théâtre.
Les Bruits de Mantsina : Ce texte de Huppert Malanda, vous l’avez choisi ou il vous a été imposé?
Stan Matingou: J’ai choisi ce texte. L’auteur est un ami de plus d’une décennie. Très souvent, on s’échange les livres. A chacune de ses parutions, il m’envoie toujours un exemplaire. Ce texte: ‘’l’Aube des insurrections perlières’’ je l’ai préféré depuis des années. Mais l’auteur ne me donnait pas l’autorisation de le jouer. Mais là pour Mantsina, j’ai forcé la main et il a autorisé et a même participé à la préparation du spectacle.
Les Bruits de Mantsina: A ce spectacle, il y a eu des pas : ‘’un, deux ; un, deux ». C’est votre ajout ou cela fait partie du texte?
Stan Matingou: Oh, c’est moi qui ai ajouté pour faire vivre le spectacle. Vous savez, quand vous lisez le texte, vous trouverez certains détails qui méritent une illustration. C’est une façon d’accompagner l’auteur qui voulait dire que nous avons beaucoup marché. Nos grands parents ne sont pas d’ici. Ils ont quitté le village pour la ville. Donc, ils ont marché jusqu’à « l’intermittent clin d’œil des nations et d’agonies’’. Bon! L’auteur parle de ce qu’on a connu: les guerres et d’autres évènements malheureux.
Les Bruits de Mantsina: Stan Matingou, en adaptant ce texte, vous avez cité beaucoup de fruits: cerise, pastèque. La pastèque, vous l’avez manipulée dans le film congolais « Entre le marteau et l’enclume » d’Amog Lemra. Quelle relation avez-vous avec ce fruit?
Stan Matingou: C’est juste une coïncidence. Dans le film « Entre le marteau et l’enclume » la pastèque était une image pour signifier le degré de sorcellerie du beau-père que j’incarnais. Mais dans ce texte ‘’l’Aube des insurrections perlières’’, je ne sais vraiment pas ce que représente la pastèque pour les uns et les autres. Vous savez, les auteurs délirent un peu (Rires). Il a juste dit ‘’Mon espérance grosse comme une boule de pastèque a mûri dans l’évanescence qui dévale de connivence ». C’est de la poésie. Je ne sais pas ce que ça signifie. L’espérance grosse comme une pastèque? Peut être qu’il a une grosse espérance. C’est comme on dit: il a une espérance grosse comme une maison. Je n’en sais rien. Mais j’adore aussi manger de la pastèque (Rires).
Propos recueillis par Raïtel YENGO à Brazzaville, le 24 décembre 2019
Article écrit dans le cadre de l’atelier les Bruits de Mantsina
Auteur, compositeur, chanteur, I Jah Man est l’un des pionniers de la musique reggae au Congo Brazzaville. De son vrai nom Serge Roger MAYAMA, ses différentes prestations au sein de l’IFC du Congo et dans des quartiers populaires de Brazzaville, comme à Poto-Poto et au stade Félix Eboué, sont toujours très remarquées. A Matour le 22 décembre, il a mis le feu lors de son concert de clôture du festival, , dans l’euphorie des festivaliers. L’artiste a à son actif deux albums, Vers la ruine et Ma Na Muini (que l’on peut traduire par Ce que j’ai vu et vécu).
Dexter Milandou
Article réalisé dans le cadre de l’atelier les Bruits de Mantsina
La scène a lieu à Fontainebleau puis à Paris, en 1996. C’est l’histoire d’un peintre, Lebamb’ou-Gatsé, qui déclenche par un tableau, La Gueule de Rechange, une vague de folie, une catastrophe cosmique, qui ravage toute la région de Fontainebleau et provoque des embouteillages où des millions d’automobilistes sont pris au piège. C’est une pièce où Sony Labou Tansi montre combien l’univers et sa grandeur sont incommensurables à la science et combien les réponses des scientifiques sont comme des cailloux dans la bouche d’un affamé. Retour sur cette mise en scène, unique à ce jour, sur un texte peu connu de Sony Labou Tansi, publié en 2015 (dans La Chair et l’Idée, Les Solitaires intempestifs, Paris).
Notes de mise en scène:
Toute la scène devient une fête foraine, une foire aux idées. Chacun vient y déverser sa gueule comme avec une radio de poche dans les mains du régime. A l’impitoyable gymnastique esthétique de l’auteur, je riposte par une impitoyable gymnastique scénique. Une gymnastique des corps et des tableaux, une gymnastique du dire, du comment dire par la voix, le souffle, par la sueur, par le geste… bref par l’acte théâtral. Dans La Gueule de rechange j’éprouve le corps de l’acteur, il devient matériau, il devient produit de fabrication, matière première d’une usine de fabrication de ce peut être esthétique dont parle Sony. Tout se construit et se déconstruit au fil des scènes. S’éprouvent aussi la parole et les idées.
J’ai opté pour une scène vide afin que l’ensemble du spectacle ressemble à un tableau qui se peint en direct, une toile qui se tisse devant les yeux du public et dont le matériau et les ingrédients ne sont autres que le corps des acteurs.
L’énergie que les comédiens déploient dans La Gueule de rechange, cette envie de dévaluer la tête au profit du cœur, arrive dans la sincérité vers le public, dans la simplicité de l’acte d’être. La complicité pétillante de cette jeunesse volontariste et prête à boxer jusqu’à la dernière goutte de salive devrait permis que l’acte théâtral soit tonitruant.
Harvey Massamba
Les Bruits du Mantsina: Pourquoi le choix de ce texte Harvey Massamba?
Harvey Massamba: Dès que je l’ai lu, ce texte m’a tout de suite interpelé et j’en suis tombé amoureux. Finalement les textes de Sony ont cette manie de me rendre bleu d’amour pour eux puisque pour la petite histoire c’est aussi parce que je suis tombé fou amoureux de Antoine m’a vendu son destin que je suis arrivé au théâtre. Donc après lecture, j’ai trouvé que La Gueule de rechange était le texte du moment parce que bien qu’étant écrit en 1974, il est d’une actualité percutante. Au-delà de ce fait, il y a entre ce texte et moi beaucoup d’autres liens par exemple: le personnage principal s’appelle Lebamb’ou- Gatsé et moi Massamba Ngatsien, vous me diriez oui mais où est le lien? Eh ben, Gatsé et Ngatsien c’est au fait le même nom, un nom Téké qui signifie propriétaire de terre. Deuxièmement, je suis né le 2 juin 1974 et Sony a achevé l’écriture de ce texte le 2 août 1974, donc deux mois juste après ma naissance. Et enfin, en lisant l’historique de ce texte j’ai découvert que La Gueule de rechange et moi nous sommes frères du même village. Sony a amorcé réellement l’écriture de ce texte en voulant échapper au couroux du représentant du PCT (le parti au pouvoir en ce moment et encore aujourd’hui) suite à un spectacle dont le texte n’avait pas plu au représentant de ce parti à Kindamba.
Les Bruits de Mantsina: Nous avons tous été impressionnés par l’inventivité de votre mise en scène, la créativité de votre rapport scène / salle. Comment s’est passée cette nouvelle mise en scène de La Gueule de rechange, puisque vous l’aviez déjà mise en scène avec d’autres comédiens en 2015, lors de l’édition de Mantsina consacrée à Sony Labou Tansi?
Harvey Massamba: Déjà, il me faut dire que pendant trois ans, je n’ai plus vraiment travaillé, joué, mis en scène. Sinon récemment, où j’ai travaillé à Pointe-Noire suite à la venue de David Bobée, avec les acteurs qu’il avait amené à Pointe-Noire. Lui travaillait avec les comédiens congolais sur Hamlet et moi je travaillais avec les comédiens français sur un texte d’un auteur congolais, Le destin glorieux du maréchal Nnikon Nniku, prince qu’on sort de Tchicaya U Tam’si (Présence Africaine, Paris, 1979). L’idée maintenant est de rassembler des moyens pour faire revenir les acteurs français et les mêler avec les acteurs congolais pour finaliser cette pièce. Cela va prendre du temps pour trouver les moyens pour travailler à ce projet. Relancer La Gueule de rechange, dans cette envie, je me suis confronté à une réalité, c’est que la majorité des acteurs qui étaient là dans la première version ne sont plus là. Un comédien est à Lille pour se former dans une école de théâtre, une comédienne est au Maroc, une autre est très occupée avec le slam, en tout cas, c’est une vraie satisfaction pour moi de savoir que cette première génération de comédiens sortis de mon école, chacun a su se faire une place et évoluer. Là mon idée, c’est de former un nouveau groupe de jeunes pour que l’on n’ait pas cette pénurie d’acteurs sur le terrain, parce que c’est cette pénurie qui fait que Boris Esprit Mikala II se retrouve dans quatre spectacles pour une seule édition! Cela devient pesant pour eux, et pour Boris, c’est difficile d’être au maximum de ses capacités, c’est le corps, et cela demande du temps de mûrir un personnage, quand bien même il a beaucoup de talent.
Quand je décide de reprendre La Gueule, j’essaie d’y apporter quelque chose de nouveau. Au fil des réflexions, je me suis dit je vais essayer de ne pas distribuer un comédien par rôle, je vais essayer de voir comment les comédiens peuvent s’interchanger tous les rôles au fil du spectacle. Après j’y ai mis une limite, pour les personnages principaux, au fur et à mesure que l’on avançait. J’ai utilisé un masque neutre, pour Schneider par exemple, jouée par plusieurs comédiennes. Lors de la première version, j’avais pris en charge la préface et les commentaires de l’auteur à l’intérieur de la place, là je me suis dit je vais essayer d’éclater cela pour apporter de la diversité au niveau de la narration en montrant que c’est toujours la même personne qui parle. J’ai mis des maques pour cela comme je vous le disais, au début. Je me suis dit quel est le jeu, quel est l’acte théâtral que je pose avec ces préfaces? J’ai pensé à notre enfance, au jeux au clair de lune où on se raconte des histoires. D’où ce premier tableau, qui sont des avertissements de Sony sur cette chose qu’il était en train d’écrire. On joue et en même temps, on fait passer le texte. Et puis, finalement, j’avais personnellement voulu ne pas être dans la pièce, pour avoir de la distance, surtout que pour une bonne partie d’entre eux, c’est leur première scène, ils sortent pour la plupart du slam, comme les deux comédiennes, je voulais prendre du temps pour les emmener au théâtre. Mais l’un des comédiens n’a pas pu aller jusqu’au bout du travail, trop occupé et à cinq jours de la représentation, j’ai pris son rôle.
Les Bruits du Mantsina: Combien de temps avez-vous eu pour répéter ce spectacle?
Harvey Massamba: Nous avons eu trois semaines seulement pour la monter, et aucun budget. Pour les costumes, et quelques éléments de décor, nous avons fait de la récupération. On a fabriqué des choses avec rien, vraiment. Là où j’ai réussi à motiver l’équipe, je leur ai dit que je n’aimais pas créer un spectacle sans lendemain, je leur ai dit si pendant les trois ans je n’ai pas créé, c’est à cause d’une situation compliquée personnelle, désormais, cela va mieux et je peux essayer de chercher des partenaires pour faire tourner ce spectacle et le montrer ailleurs. J’ai beaucoup réfléchi pour créer quelque chose de joyeux et de vivant, où tout bouillonne. L’introduction de la musique en live me permet aussi d’introduire cette effervescence sur le plateau. J’ai encore du travail, pour que le rythme soit tenu sur toute la durée du spectacle (1h45), pour raccourcir certaines scènes, je vais le faire, car j’aimerais porter loin ce texte.
Texte: Sony Labou Tansi
Mise en scène: Harvey Massamba
Assistant à la mise en scène: Fann Attiki Mampouya
Avec: Theresa Diakanua N’silu, Guervie Gobouang, Harvey Massamba, Boris Esprit Mikala II, Bienvenu Makita, Thalès Bourgeois Zokene, Fann Attiki Mampouya
Musique: Abia Makita
Entretien mené dans le cadre des ateliers Les Bruits de Mantsina
Lire aussi: Entretien avec Harvey Massamba et Julie Peghini sur Africulture, lors de la mise en scène de La Gueule de rechange à Mantsina en 2015
Aimé Gnali Mambou est une écrivaine, ancienne ministre de la Culture de la République du Congo. Le festival Mantsina sur scène a programmé cette mise en scène d’un des textes d’Aimé Gnali Mambou, L’Or des femmes, le jour de l’ouverture du festival. Le metteur en scène est un militant de l’art théâtral congolais, Jehf Biyéri. Il s’agit de l’histoire d’une jeune fille qui n’a pas le droit de choisir l’homme qu’elle aime et d’un jeune homme qui ne peut pas plus choisir la femme qu’il aime. Nous sommes ici dans un contexte où ce choix échoit à l’autorité parentale, plus encore à une autorité socialement hiérarchisée. Bouhoussou est soumise aux rites d’initiation traditionnels vili et est destinée, au sortir de cette initiation, à épouser «L’or des femmes», un homme noble, polygame et plus âgé qu’elle. Personne ne peut aller à l’encontre de ces décisions, pas même le beau Mavangou qui l’aime, et la colère gronde parmi les jeunes, comme s’il suffisait seulement d’avoir de la fortune et de l’âge pour s’approprier «l’or des femmes».
Le temps passe, les époques changent et pourtant les mêmes problèmes reviennent. Cette pièce nous montre toujours hélas une certaine réalité quotidienne. Il s’agit du fameux conflit des générations qui reste dissimulé derrière tant de situations sociales les plus actuelles.
Comment briser les normes établies par la tradition, nous n’avons pas fini d’y réfléchir!
L’Or des Femmes, compagnie Ku Konde, texte de Mambou Aimé Gnali, mise en scène Jehf Biyéri
Dexter MILANGOU
Article réalisé dans le cadre des ateliers Les Bruits de Mantsina
Ce spectacle de danse, présenté en clôture du festival Mantsina sur scène (qu’on avait pu voir la semaine précédente dans le festival de danse Bo Ya Kobina, à Kombé), a provoqué un tonnerre d’applaudissements. La compagnie Cap Congo nous y fait découvrir des extraits de Jazz et vin de palme, un texte d’un auteur congolais, Emmanuel Dongala, avec un rapport entre chorégraphie et texte tout à fait créatif et surprenant.
Jazz et vin de palme est un recueil qui condense des nouvelles aux thématiques très variées dénonçant différents fléaux, l’oppression, la non-acceptation de l’autre, la guerre pour le pouvoir…
Le spectacle nous fait découvrir pêle-mêle l’histoire d’une jeune femme commerçante, Amaya, dont la carte d’identité a été égarée par les agents de l’administration, ainsi que le procès de Monsieur Likibi accusé d’avoir provoqué la sécheresse dans le village en arrêtant la pluie le jour du mariage de sa fille ou encore l’arrivée de gens différents qui se font la guerre.
Par leur créativité, ces histoires ont été magnifiquement interprété dans le corps des danseurs, quatre hommes et une femme (il faut souligner là combien Vesna Mbelani, toute jeune danseuse issue d’une troupe traditionnelle, est d’ores et déjà une magnifique danseuse contemporaine), lesquels s’approprient aussi bien des danses traditionnelles que contemporaines, comme le coupé décalé et le hip hop, notamment le krump.
Chaque tableau nous a frappé, comme une facette de la réalité de la société congolaise. Une société où certains sont marginalisés, méprisés et humiliés par les gens détenteurs du pouvoir, avec en prime le laxisme de l’administration, sa violence et son absurdité.
La compagnie Cap Congo a travaillé dur pour devenir ce groupe, ce collectif, qui sait être ensemble tout en conservant les singularités de chacun. Chaque danseur a son style, de la tradition au plus contemporain, et tous ensemble, dans une grande complémentarité, en dansant sur le plateau avec des éléments très simples, comme des bancs, des percussions, des bois, composent un corps collectif particulièrement émouvant. Il faut souligner combien la lumière du spectacle rend honneur à ce corps collectif, par ses nuances et ses subtilités, ainsi que la musique, un mélange de sons composés pour le spectacle et de morceaux plus connus.
Comme l’a souligné un spectateur, «la compagnie Cap Congo est le reflet de la société congolaise, où chacun est différent et dans laquelle nous aspirons à ne former qu’un».
Les spectacles de danse apportent beaucoup selon nous au festival Mantsina sur scène, la scène congolaise contemporaine est bouillonnante même si nous regrettons que les femmes n’y soient pas encore assez nombreuses.
Jazz et vin de palme, un spectacle de danse de la Compagnie Cap Congo sur un texte d’Emmanuel Dongala
Chorégraphie, dramaturgie et adaptation: Herman Diephuis / Cap Congo
Avec: Juvhet Badinga, Vesna Mbelani, Loïck Ngoukou, Maël Minkala, Karel Kouelani
Son et Lumière: Cléo Konongo
Roxiane KOUVOULOU
Article réalisé dans le cadre des ateliers Les Bruits de Mantsina
Ce solo de danse a eu lieu le 14 décembre 2019, lors de l’ouverture du festival Mantsina sur scène. Sur la scène se déroule un parcours chorégraphié, dont les différentes étapes sont aussi précises qu’explicites. Parcours d’un homme noir, d’un Nègre, lors de la période de l’esclavage et du commerce triangulaire. Différentes émotions, de la rage à la souffrance, s’expriment. Il s’agit d’un homme qui succombe à la fatalité pour le simple fait d’être noir. Parcours qui est aussi contemporain, celui de tous les êtres humains aujourd’hui vendus comme du bétail, comme si l’histoire se répétait en changeant de forme.
L’artiste se confie à nous en retraçant la genèse de son travail, encore en chantier. Il s’agit pour lui de cet héritage qui hante sa personne venant de cette réalité historique, du poids de toutes ces souffrances, de ces humiliations qu’ont vécues ces ancêtres noirs et qui pèsent sur lui, à tel point qu’il ressent parfois que le regard que les autres portent sur lui est encore identique à celui porté sur ces nègres d’antan. Ce malaise, il arrive dès le début du solo, avec cette phrase : «Dans une boîte où je suis, il fait chaud, je suis bouffé par des moustiques». Le regard de l’autre pèse sur lui, il reflète cette ombre, ombre de l’image du nègre qui lui est renvoyée. Un texte l’a beaucoup inspiré pour ce solo, Black Label de Léon-Gontran Damas.
Ce solo est une invitation du danseur et chorégraphe à briser le silence, le sien d’abord, et une invitation aux spectateurs pour qu’ils transcendent les différences et les tendances discriminatives.
Ombre, danse (work in progress) par et avec Nicolas Moumbounou, avec le slameur Guer2mo présenté le 14 décembre en ouverture du festival Mantsina 2019
NB: Le spectacle Ombres sera présenté au CDN de Normandie Rouen les 28 et 29 mai 2020, lors d’une soirée composée Congo(s) avec un spectacle de Faustin Linyekula!
Dexter MILANDOU
Un article réalisé dans le cadre des ateliers Les Bruits de Mantsina