Un texte de Xavier Maurel, avec la participation de danseurs amateurs de Brazzaville, sur une musique d’Arnaud de La Celle
Echo est une pièce écrite par Xavier Maurel pour Lena Paugam, autour de la figure d’Echo et celle de l’insaisissable Narcisse, en résonnance avec le récit, contemporain, de l’histoire d’une femme perdue dans la mélancolie, suite au suicide de son compagnon. En voici le résumé:
« Echo s’interroge sur la détresse de Narcisse, désespérément plongé dans la contemplation de son insaisissable image, à la recherche d’un moi inexorablement perdu. Elle se donne la mort comme pour échapper à sa propre mélancolie ou pour trouver un autre temps, un temps où, nous dit l’auteur, «les choses étaient plus faciles»…
La mise en scène de cette pièce dans la forêt de la patte d’Oie, au milieu des immenses eucalyptus, dans un lieu jusque là insalubre et connu pour être mal fréquenté, nous a profondément marquée. Les spectateurs étaient accueillis autour de neuf cercles concentriques, soigneusement dessinés à l’aide de feuilles. Ce cercle, en forme de labyrinthe, nous place immédiatement dans l’espace du rite, au cœur de la nature, et au cœur de la plus grande solitude humaine.
Le théâtre en situation de risque, fragile au milieu de la forêt et de tous les bruits venant le perturber (les tronçonneuses, les bruits de toutes sortes venus parasiter la voix de la comédienne), réussit magnifiquement à créer une collectivité entre les acteurs et les spectateurs, partageant le même rite, celui de reconstruire la parole. Le chœur de danseurs non-professionnels, des jeunes de 17 ans venus du hip-hop, nous ont impressionné dans leur présence et leur incarnation. Une seule femme était dans ce chœur, elle était le corps d’Echo là où Lena Paugam incarnait sa parole. L’aspect minimaliste du décor et des costumes nous a frappé par sa simplicité et sa grande beauté, notamment avec les offrandes au public de couronnes faites de lianes et de feuilles. Le mot de la fin, douceur, est vraiment bien choisi, pour clôturer un moment si plein de sens, de tristesse et de douceur, celle de retrouver l’espace du silence et celui de la parole à nouveau possible.
Roston Francel Samba
Article réalisé dans le cadre de l’atelier Les Bruits de Mantsina 2019