Retour sur « La Gueule de rechange », mise en scène par Harvey Massamba

La Gueule de rechange de Sony Labou Tansi mise en scène par Harvey Massamba avec les élèves de sa compagnie Nsala, a été présentée pendant le festival Mantsina Sony sur scène les 19 et 28 décembre 2015. Note d’intention du metteur en scène.

Tout commence dans une atmosphère quelque peu mystique pour mieux rendre compte du rapport que Sony, en tant que fils des deux rives, donc pont sur le Congo, entretenait avec le fleuve. Trois sirènes et un homme sur le rivage qui semblent invoquer la puissance du fleuve. Les sirènes se prêtent au jeu et sortent du fleuve pour aller forniquer avec l’homme. Ce rapport au fleuve que certains développent côtoie simultanément celui plus basique que le plus grand nombre de riverains entretient avec cette étendue d’eau qui nous questionne de son regard kaki. Une rivière, un fleuve, une étendue d’eau. Des rapports différents.

Puis la rupture, toute la scène devient une fête foraine, une foire aux idées. Chacun vient y déverser sa gueule comme avec une radio de poche dans les mains du régime.

A l’impitoyable gymnastique esthétique de l’auteur, je riposte par une impitoyable gymnastique scénique.

Une gymnastique des corps et des tableaux, une gymnastique du dire, du comment dire par la voix, le souffle, par la sueur, par le geste… bref par l’acte théâtral. Dans La Gueule de rechange j’éprouve le corps de l’acteur, il devient matériau, il devient produit de fabrication, matière première d’une usine de fabrication de ce peut être esthétique dont parle Sony. Tout se construit et se déconstruit au fil des scènes. S’éprouvent aussi la parole et les idées.

J’ai opté pour une scène vide afin que l’ensemble du spectacle ressemble à un tableau qui se peint en direct, une toile qui se tisse devant les yeux du public et dont le matériau et les ingrédients ne sont autres que le corps des acteurs.

La Gueule de rechange est aussi l’aboutissement d’une initiation qui aura duré quatre ans. J’ai voulu pour consacrer cette première génération de comédien sortie de mon école, être avec eux sur le plateau. Cela a valeur de signature sur leur diplôme de fin de formation. Ils sont arrivés avec leurs ailes d’envie de foutre une raclée à cette vie, de boxer la situation, de nommer ce qui veut décréter aujourd’hui et maintenant la fin de l’humain. Ils ont aujourd’hui les jambes assez solides pour rixer avec les prophètes de l’agenouillement, ceux qui regardent du coté de l’existence où il n y a absolument rien afin de leur montrer le côté de la vie où il se passe quelque chose. L’énergie qu’ils déploient dans La Gueule de rechange, cette envie de dévaluer la tête au profit du cœur arrive dans la sincérité vers le public, dans la simplicité de l’acte d’être. La complicité pétillante de cette jeunesse volontariste et prête à boxer jusqu’à la dernière goutte de salive a permis que l’acte théâtral soit tonitruant.

Harvey Massamba

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Témoignages des Mantsinistes #3

Kader Lansina Touré
Comédien dans Village Fou de Kokffi Kwahulé.
«Un moment fort, puissant, plein de générosité. Très humain! Je revois toute la bande d’organisation: Papythio, Cléo, Noëlle, Sylvie, Nadège, N’Toyo, David! Que de la considération et du respect! C’est ça qui est beau! On a joué dans des parcelles avec les mamans, les jeunes, les enfants. J’ai vécu une émotion au-delà du théâtre que je qualifierait de «la communauté des humains». Une émotion poétique du théâtre que je n’ai jamais vécue de ma vie! J’ai des larmes en faisant mon bagage parce qu’on décolle dans quelques heures. Mais je reste avec ce Congo-là dans mon coeur, mon frère. Merci, Dido, je t’aime, frèrot! C’est ça l’Afrique qui propose autre chose!»

Cédric Brossard
Metteur en scène de Village Fou de Koffi Kwahulé. 
Les Mots Perdus.
«Et c’était top!!!!!!! Vive Mantsina sur scène!!!! Une chouette représentation de Arrêt sur Image, de Gustave Adjigninou Akakpo, avec Kader Lassina Toure et Pidj Boomboomdistortion. On rentre ce soir, rechargés à bloc! Brazzaville est trop doux!»

Pidj Boomboomdistortion
Musicien dans Village Fou de Koffi Kwahulé
«Bonjour Dieudonné, je viens juste de rentrer a la maison. Je voulais te remercier énormément, je suis très heureux d’avoir été Mantsiniste!! Plein de merveilleuses rencontres, la découverte d’un pays fantastique et la gentillesse des congolais… bref, ce fut un honneur. Petite ombre au tableau le fait que tu ne sois pas là, mais, ça a dû être encore plus dur pour toi! Merci beaucoup, et du courage pour le futur.»

Marie-Charlotte Biais
Marie-Charlotte Biais

Marie-Charlotte Biais
Capitaine des Mantsinistes
Comédienne dans Rien que le monde de Céline Astrié.
«Salut Grand Chef, J’espère que tu vas bien.
Me voici rentrée de Brazza, un peu plus énervée encore que la fois dernière, peut-être parce que jouer dans une cour, puis jouer au CCF, rencontrer des gens curieux, têtus, endurants, et d’autres apathiques, absents, regarder encore cette nature féroce, envahissante et généreuse dans des nuées de pétrole, les pieds noyés dans les déchets, font de cette terre un paradis outragé. La force est dans le nombre. Dans le nombre de ceux-là qui, par miracle, sur un fil, dans l’urgence et une adaptabilité éprouvante, s’acharnent, se relaient, cherchent à s’organiser, à anticiper, à dégager un horizon quand tout s’y oppose. Briser l’avenir, boucher l’horizon, fatiguer les corps, désespérer les esprits, c’est bien le propre de cette politique. Tout ne tient qu’à chacun, individuellement, dans cette énergie qui le porte, ce matin où tout est encore à faire, à refaire, à supporter. Mantsina c’est 1+1+1+…., jour après jour, on dirait comme un miracle que cet édifice fragile et sans cesse mis à mal, résiste ainsi à la malveillance d’une humanité décérébrée. C’est un travail de fourmis, un travail de Titans. Un équilibre vertigineux, une nouvelle joie quand un soir de plus, chacun s’en va chez soi le coeur plein de fierté. Essayer de trouver une cohérence face à l’arbitraire. Dépossédés de tout, il reste l’essentiel: la relation des artistes au public, sans intermédiaire, sans interface, sans publicité(!), sans autre intérêt que le partage, la rencontre, la curiosité de l’Autre. Chaque Mantsinistes est à fêter, d’où qu’il vienne et quelle que soit sa part: sa présence suffit. Je garde à l’image du festival la nuit Sony comme symbole: une nuit fragile, que la technique boude, que nous tenons à mille mains doucement, pudiquement, modestement sur le fil, et cette nuit qui avance funambule, qui nous met tour à tour en apnée et en décharge de soupirs de joie, qui ne veut pas s’arrêter… et que nous frappons la terre au matin pour qu’elle nous tienne encore debout! et un Sony qui dirait-on nous a ensorcellés…! et la technique qui nous couronne au matin avec ta voix Dido qu’on a oubliée sans qu’elle nous manque et qui vient là nous frapper au coeur comme l’histoire, l’histoire de ces années, de tous ces temps passés à se battre qui ont permis à ces secondes là d’accoucher.
Il ne faut pas avoir la mémoire courte.
Je t’embrasse, te félicite grand chef, cette édition fut une victoire.
À tes côtés.»

Feuille avec Sébastien Bouhana et Jeanne Videau
Feuille avec Sébastien Bouhana et Jeanne Videau

Jeanne Videau
Metteure en scène et comédienne dans Feuille de Sony Labou Tansi et Fred Naud.
«Dido,On est parti 5 jours, j’ai l’impression d’y être restée le double… à peine débarqués que la Nuit Sony est arrivée. Pleine de propositions plus belles les unes que les autres, la voix de Vhan était avec nous à travers le magnéto de Sebastien et toi aussi Dido pour finir, en écho de Paris… Nous avons été accueillis chez Ella au café des arts dans une petite cour très jolie, et très calme. Magique. Puis chez Clotaire et sa femme, adorables, très très contents que Mantsina les fasse participer au festival. Super belle rencontre. Dans leur grande cour magnifique, avec les bruits de la rue… au début un peu difficiles pour nous, mais qui se sont très bien accordés avec les poèmes de Sony! Le petit bout de festival que j’ai vu était magnifique, Dido, de démerde, de solutions toujours trouvées aux bâtons dans les roues, de résistance sourde et tranquille. De volonté de faire de l’art coûte que coûte comme les jeunes Kinois qui n’hésitent pas à jouer de village en village dans leur pays sans autorisation… et puis Snake Zobel (du Cameroun) dans la rue. On avance, doucement, mais sûrement. À petit pas et détermination. Bravo et merci à toute l’équipe de Mantsina. Bravo à toi, Dido. D’avoir été là sans qu’on ne t’ai jamais aperçu! Je t’embrasse, vieux crocodile!»

Ulrich N'Toyo et Mathieu Montanier
Ulrich N’Toyo et Mathieu Montanier

Mathieu Montanier
Directeur d’atelier Jeu d’acteur.
«J’ai vécu un moment… Une réussite, je dirais. Les stagiaires étaient efficaces. Et la magie des cours quand tombe la nuit et qu’arrivent les projecteurs et que tout devient étrange… Les spectateurs et les artistes se confondent… La Nuit Sony qui m’a laissé des larmes… Le spectacle ambulatoire de Papythio à travers le quartier de Sony avec ces textes poétiques… Toutes les lectures à l’espace Kudia… Non, mais vraiment, il faut revenir… Il faut continuer Mantsina! Parce que ça change et ça nous change.»

 

Témoignages des Mantsinistes #2: le collectif Les Alices

Bonjour,
Gens de Mantsina ou Mantsinistes, comme vous aimez vous appeler… Pris par le tourbillon du festival, du Congo, des rencontres et des représentations nous n’avons pas pris le temps d’écrire dans le cahier au centre de la table située au centre du cercle du centre du festival au centre de Brazza au centre de… bref ce cahier central de doléances passées et de désirs avenirs. Nous voulons nous rattraper aujourd’hui.
Merci à tous de nous avoir permis de vivre cette aventure. Merci de la simplicité de l’accueil, des plans A, B, C, D comme dichroïque, E… P comme parcelle. Merci de l’énergie déployée, celle visible et celle que nous n’avons pu sentir que par bribes, par rumeur, celle nécessaire face aux pressions, sabotages et autres chiures publique. Merci de la pudeur aussi, nous n’avons pas souffert de cette pression, nous, vous avez tous gardé la tête haute. MERCI de la générosité évidente rencontré à chaque niveau de collaboration, chaque instant de discussion, chaque regard du festival!

Les Mots perdus de F. Kah par le collectif Les Alices
Les Mots perdus de F. Kah par le collectif Les Alices


En tant que compagnie nous avons retrouvé chez vous le sens du théâtre, cet art de la rencontre, de la pensée portée, de l’échange, ce lieu ou l’homme peut et doit être encore neuf, se représenter nu sans obscénité, ce processus humble ou l’acteur va à la rencontre de l’instant, sans réaction connue possible…
Chaque cour nous a offert un théâtre de vie ainsi qu’un public singulier, profond. Pour nous qui débarquions comme pour ceux qui accueillaient, le spectacle ne s’est pas limité au temps de représentation, il commençait à notre arrivée dans les lieux et finissait à notre départ. Pendant toute l’installation, les répétitions NOUS NOUS REGARDIONS, les uns les autres, curieux, avec la même avidité que celle d’un public et la même générosité que celle d’un acteur. Le théâtre commençait là, dans ces regards, sans savoir qui était observateur ou observé….
… 18H30 très précise tombée de nuit et levé du rideau. Paroxysme de la rencontre ou tout le truc se met à vivre,lumière, voix, mouvement….Ce qu’on avait cru cour ou parcelle se mue en scène polymorphe, château, village, rêve…
Nous avons eu trois dieux, le premier s’appelait Bouddha, invité par Saturnin en sa cour siège du centre bouddhiste de Brazza, le second Jah ami d’Arthur et de son école miracle des langues et des mots, (Jah semble encore vibrer, je viens a l’instant de recevoir un coup de téléphone lointain de Arthur et sa femme…). Le troisième, plus austère et familier n’a pas besoin d’être nommé… Trois dieux c’est pas mal en 10 jours mais c’est rien face à tous ces yeux enfants, cieux enfants, enfants dieux. Plus que jamais, nous avons senti la faim des images et des mots, faim avide qui ne laisse pas de miettes, qui bouffe tout ce qu’on peut offrir avec gourmandise et sans retenue. Plus que jamais nous nous sommes senti faire quelque chose….
Merci…

Bravo, face à ceux qui œuvrent face au silence. Silence des morts et peur des mots, qui interdit le mot tire son pouvoir de l’ignorance, de la désespérance.
Du silence….

Mais ils ne savent pas, eux, les cloueurs de bouche, qu’en interdisant le théâtre national et autres lieux publics ils contribueraient à un festival d’autant plus riche qu’il s’affranchirait justement de ces institutions contrôlés pour investir des lieux de vie. Il ne se doutait pas que plutôt qu’un vide vous redéfiniriez le festival comme un événement qui invite le théâtre à sortir de son suaire pour entrer de plain pied dans le vivre. Le vivre de ceux à même de parler et d’entendre, et qui plein de complicité enthousiaste nous ont épaulés si solidement, Les Saturnins, Michel, Arthur, Jaures, Valérie, les enfants, les enfants, les enfants….
En ce sens peut-être devrait-on remercier les couseurs de langue? Ne sont ils pas à l’origine du nouveau virage que semblait, à notre départ, prendre le festival? En passant de Mantsina sur scène à Mantsina sans scène le festival perd-il quelque chose d’autre qu’un confort d’apparat? Je ne sais pas ce qui se serait passé si nous avions joué au théâtre national comme initialement prévu mais je doute qu’il y aurait eu autant de public, enfants et autre, ni tant de beauté, ni tant de retour, ni tant de Justesse ni tant et tant, que dans une des parcelles investies… .J’en doute.
Le premier lieu de pouvoir est celui du mot, Sony l’affirme, peut être, vos actes confirment, sûrement…
En débaptisant le centre Sony rétif au festival le mot agit.
En rebaptisant le cercle Mantsina du nom de l’écrivain le mot agit,
En remplaçant le mot théâtre par celui de spectacle vivant in situ, le mot agit,
En déguisant une parcelle en lieu de théâtre temporaire, le mot agit,
En transformant l’expression théâtre national en cimetière poussière privé, le mot agit
En faisant de l’enfant désœuvré un spectateur avide le mot agit encore…
Sony,
Nous n’avons connu les lignes de l’écrivain que récemment mais à travers vos actes, vos agissements, vos mots nous avons la sensation de le rencontrer.
ou plutôt les rencontrer… Deux grands absents, sans, sang…

Sony bien sûr et Dido évidemment.
Dido dont le vide nous laissait pantois,
avant de comprendre
l’incompréhensible,

Dido apatride le temps d’un festival…

C’est tellement dégueulasse.

Et beau de passer outre les obstacles et les baillons.

Et juste politiquement, pratiquement, artistiquement, concrètement, humainement de promouvoir un festival de parcelles, un festival in situ, au cœur de la ville, vie…

ET,
Nous étions le premier spectacle jeune public à participer au festival. Après cette expérience nous souhaitons encourager la venue de cet art chez vous…. Je ne sais pas pratiquement, mais il est possible que ça puisse intéresser pas mal de compagnies jeune public… La Belgique a une très bonne réputation en la matière, si vous lancez un appel à projet ou autre nous pouvons le faire passer par pas mal de compagnies qui font un travail de qualité……
ENFIN,
Pas mal de matériel difficile à obtenir ou cher au Congo sont assez facilement récupérables en Europe (fil électrique, taps, ampoules, projo, vis, outils divers, etc…). Pour simplifier la vie des techniciens et leur garantir un travail de qualité peut être serait il intéressant de lancer un appel aux participants lors du prochain festival?
Je crois que j’ai tout dit, et sans doute plus…Merci (désolé pour ceux dont j’écorche le nom…) Dido, Sylvie, Noëlle, Nadège, David, Cleo, Papythio, Rufin, N’Toyo, Ijahman, Arthur Valérie et leur famille, Saturnin, Merveille et tous les autres…
Bonne fête, Bonne fin de festival!!
François
Natalia
Nicolas
Jean louis
Les Alices

Témoignages des Mantsinistes #1

Martin Ambara – artiste associé de cette douzième édition Mantsina Sony sur scène 2015. Auteur – metteur en scène de Black Django (Cameroun)
«Nous créons en Afrique et savons ce que c’est que créer en Afrique […] Le panafricanisme culturel ne doit pas rester des mots. La révolution dans les cours me semble une trouvaille à ne pas lâcher… Il faut au contraire la renouveler et penser ce que je crois être fondamental: à chaque spectacle sa cour. Ainsi chaque spectacle pourrait jouer aussi longtemps que possible parce que côté public, on ne manque plus de rien. On est plutôt gâtés. Alors imagine que le spectacle reste là pour trois semaines, tous les quartiers environnant viendraient regarder! Ceci est une expérience qui dit et révèle un fait: le théâtre doit rentrer vers le public et déserter les salles. Et c’est notre Job de trouver comment! Et je crois que Mantsina est sur la juste piste… Mais je le répète et je reprends tes mots: «faire du théâtre en Afrique c’est fighter…» Alors jusqu’à la mort on fightera afin que ce métier renaisse de ses cendres si tel est qu’il est mort… MAIS JE NE LE CROIS PAS, le théâtre n’est pas mort. Il est en phase de GERMINATION. MERCI pour tout et à tout le temps et à tous temps. »

L'espace carrefour, où se discutent tous les matins les spectacles de la veille
L’espace carrefour, où se discutent tous les matins les spectacles de la veille

Le directeur du Théâtre Vidy-Lausanne de Suisse, Vincent Baudriller (France), ancien directeur du festival d’Avignon. En quittant Brazza depuis l’aéroport Maya Maya: « Je suis un habitué de Mantsina, et je vois très bien l’évolution en tous les points, comment les choses prennent de plus en plus de formes et deviennent encore plus fortes et arrivent à emporter les gens dans une réelle relation de dialogue entre œuvre et spectateurs, et comment les artistes s’inscrivent dans une réelle démarche active de la société. Et ça c’est quelque chose de très fondamental qui est gagné à Mantsina. C’est une conscience d’artiste en rapport avec son environnement politique, culturel, social, économique… J’ai passé des moment très intéressants avec Delavallet Bidiefono dans son espace Baning’Art, son école de danse, à Kombé, et je vois avec tous les projets qu’il met en place, c’est très intelligent… Le fait de ramener les spectacles, les lectures, les projections, les performances, les concerts, dans les quartiers, les cités, les cours de maisons, les rues, ça solidifie la relation avec le public, ce sont des acquis majeurs. La performance de Snak Zobel du Cameroun est un moment fort puissant, la lecture du dernier texte de Sylvie Dyclo-Pomos Le Verso-Recto est d’une intensité poétique… Le jeune comédien de la RDC, Michael Disanka avec son spectacle sur le texte de Koffi Kwahulé Village fou… Et bien évidemment les rencontres le matin à l’espace Mantsina autour des spectacles de la veille et avec les questions de comment faire ici et maintenant… C’est bien ce qui constitue toute la recherche, l’interrogation et le partage. Il y a une vraie présence de travail auprès de l’équipe d’organisation: Noëlle Ntiiéssé Bibounou, Sylvie Dyclo-Pomos, Cléo Konongo et Papythio Matoudidi qui autour de ton énergie [Dieudonné Niangouna] apportent un dynamisme qui fait que le relai existe… Et la relève est là. »

Christiana Tabaro (RDC) – comédienne dans Parole de Femme.
«Des belles rencontres à Mantsina Sony sur scène. Merci Dieudonné Niangouna pour ce grand moment de partage!»

L’auteure – metteure en scène – comédienne Céline Astrié (France).
En quittant Brazza: « On a compris (enfin un peu j’espère) pas mal de choses (sur la situation de crise au Congo) à travers cette participation à Mantsina. Très belles rencontres, avec les habitants, les enfants, du fait d’avoir jouer dans leurs cours… »

Le metteur en scène et directeur de l’atelier Mise en scène à Mantsina, Fabrice Gorgerat (Suisse), depuis l’aéroport Maya Maya en quittant Brazza: « Sacré boulot! Je dis chapeau au festival! Suis en forme! Très chouette énergie! Une belle vitalité! C’était cool! Punk! Osé! Très affirmé! Et des moments magiques comme LA NUIT SONY ou le spectacle déambulatoire de Papythio Matoudidi, Sony sur la Route qui a duré trois heures à travers les rues de Makélékélé en commençant par le marché Bourreau pour finir au bord du fleuve à regarder le Congo à la tombée de la nuit… Magic! Plein de truc. Et l’atelier de mise en scène que j’ai animé c’était super! Ils chopent vite, ces petits, et sont très réactifs, surtout Arthur, pas Batoumeni mais un petit qui s’appelle Arthur aussi, et le petit Clément, et l’autre aussi, Bertrand, oui, ils seront des bons s’ils continuent comme ça. C’est une belle pépinière. Et c’est clair que je vais revenir pour continuer, suis rechargé là, ça fait trop du bien. C’est cool »

L’auteur – metteur en scène – comédien et directeur de l’atelier Jeu d’acteur à Mantsina, Jean-Paul Delore (France). En quittant Brazza: « C’est vachement audacieux! Et c’est ça que j’adore, c’est ça qui est bien, parce que ça redonne de la vie. C’est TONIC, vraiment c’est la réponse à la question : comment inventer des espoirs, justement, et que ces derniers servent, mais pratiquement pour la maman, le gamin, la jeune fille, l’étudiante et tout… C’est vachement bien! Des fois je me dis: mais c’est complètement délirant! Mais en même temps je me dis: c’est ça qui est juste, c’est ce qu’il faut faire ici et maintenant et c’est ce que vous faites, alors on a l’impression que ça devient abstrait, et ça continue. Belle réplique à tout ce qu’on sait qui se passe… Vraiment! On s’en reparle… »

Jean-Paul Delore et Laetitia Ajanohun
Jean-Paul Delore et Laetitia Ajanohun pendant la Nuit Sony

Laetitia Ajanohun, auteure – metteure en scène, comédienne (Belgique). En quittant Brazza: « C’est bien de voir grandir le festival avec les énergies de tous! Il y a une vraie cohésion. On sent qu’on est vraiment ensemble. C’est une sacrée édition. Et tous les jours ils se passe des choses et paf! Une claque! Et ça n’arrête pas. Et on n’est pas crevé. ça joue partout, c’est dingue! Et ça marche dans les cours de maisons, dans les rues… Le spectacle ambulatoire de Papythio Matoudidi, La Nuit Sony, le collectif Zavtra de Limoges, le spectacle de Gilfery Ngambalou sur Photo de groupe au bord du fleuve de Emmanuel Dongala, Feuilles avec Jeanne Videau et Sébastien Bouhana, Cheriff Bakala qui a mis le feu avec son Sony, la bombe à hydrogène, mes coups de coeur : Snak Zobel et Michaël Disanka… Je voudrais vraiment rester jusqu’à la fin du festival, le 30 décembre… Il y a quelque chose ici qui ne finit pas. Bravo Mantsina! C’est un beau poème, solaire, vorace en liberté. »

Snak Zobel
Snak Zobel

Maylis Bouffartigue (France) – auteure – metteure en scène de La Mise en Procès
«Merci merci et merci encore pour ce Mantsina Sony sur scène 2015. Que de belles rencontres et quelle belle programmation. Merci Dieudonne Niangouna pour cette occasion de haute résistance poétique et théâtrale. Merci aussi à Sylvie Dyclo-Pomos Pomos et Noelle Ntsiessie-kibounou et toute l’équipe technique. BRAVO A TOUTES ET TOUS. Vive le beau et l’intelligent! »

La réalisatrice et directrice de l’atelier « Images, Imaginaires et Métaphores », Claude Bagoë-Diane (France). En quittant Brazza: « Mille mercis à la merveilleuse Noëlle Ntiéssé-Kibounou (administratrice du festival)… Une petite leçon de mise en scène de Fabrice Gorgerat et finir en beauté par la lecture de Verso-Recto de Sylvie Dyclo-Pomos par elle-même (et Théophane). Le bonheur je vous dis! Mantsina 2015 ça continue jusqu’au 30/12. Que ceux qui l’ont raté s’en mordent les doigts. Cette année, les Mantsinistes ont joué dans les cours pour la première fois, à recommencer absolument. Trop de choses à dire encore. Back to Paris mais mon âme est parmi vous. »

Sébastien Bouhana (France) – acteur – musicien – metteur en scène dans Feuille
«Merci tout d’abord. Pour nous avoir permis de sortir du monde pendant ces quelques jours. Cette situation colle à merveille à Mantsina et à ce que son équipe dégage et partage et qui nous comble et que l’on dégage à notre tour et qu’on partage à notre tour et dont le processus, nous l’espérons, se reproduit autant de fois qu’il est reçu par les petits et grands récepteurs que sont les nous-mêmes et puis les-zautres ~ les autres nous-mêmes que sont les autres et nous-mêmes qui sommes les zautres des autres (petits ou grands) ~ tu vois? Et bien sortir semble aisé, tout est question de véhicule, nous étions bien véhiculés, d’une bicyclette nous voici conduire un bus. Alors on y fait rentrer du monde là-dedans! Du monde avec des yeux. Avec des oreilles. Avec des cordes vocales. Du beau monde, et en plus, chacun avec sa bicyclette! C’est pour dire le trafic de bus à venir! Pour l’instant la circulation semble fluide. Espérons que cela change… Chef (je me permet de te prêter ce titre qui est le tien)… tu traînais toujours quelque part. Ça se sent en chacun des Mantsinistes. La part de toi dans ce festival est incrustée en lui et en chacune des personnes de cette équipe de dingues (et les dingues ont toute ma sympathie). Les choses se passent Un chaos magnifique! On voit les personnes faire, dire et recommencer le lendemain. Malgré fatigue et difficulté C’était trop court. Tu peux au moins te rassurer et être assuré que

Les esprits des Brazzavillois sont touchés, pas coulés. Toujours touchés, jamais coulés.

Mantsina dans les cours et dans la rue, ça a un sens aussi. C’est l’un des chemins qui mènent aux salles. Il y a du soutien parmi beaucoup sur place. Qui aimeraient contribuer encore à faire exister cela. C’est une grande force latente. Nous revenons au dedans du monde Jeanne et moi, mais nous savons qu’il y a du monde à faire sortir de là et nous avons nous même respiré l’air du dehors. Et ça ça ne s’oublie pas. C’est magnifique ton pays. Les gens… Il y en a beaucoup à faire sortir, mais plein sont déjà au courant et ne demandent qu’à pousser la porte. Merci. »