
Ce spectacle de danse, présenté en clôture du festival Mantsina sur scène (qu’on avait pu voir la semaine précédente dans le festival de danse Bo Ya Kobina, à Kombé), a provoqué un tonnerre d’applaudissements. La compagnie Cap Congo nous y fait découvrir des extraits de Jazz et vin de palme, un texte d’un auteur congolais, Emmanuel Dongala, avec un rapport entre chorégraphie et texte tout à fait créatif et surprenant.
Jazz et vin de palme est un recueil qui condense des nouvelles aux thématiques très variées dénonçant différents fléaux, l’oppression, la non-acceptation de l’autre, la guerre pour le pouvoir…
Le spectacle nous fait découvrir pêle-mêle l’histoire d’une jeune femme commerçante, Amaya, dont la carte d’identité a été égarée par les agents de l’administration, ainsi que le procès de Monsieur Likibi accusé d’avoir provoqué la sécheresse dans le village en arrêtant la pluie le jour du mariage de sa fille ou encore l’arrivée de gens différents qui se font la guerre.
Par leur créativité, ces histoires ont été magnifiquement interprété dans le corps des danseurs, quatre hommes et une femme (il faut souligner là combien Vesna Mbelani, toute jeune danseuse issue d’une troupe traditionnelle, est d’ores et déjà une magnifique danseuse contemporaine), lesquels s’approprient aussi bien des danses traditionnelles que contemporaines, comme le coupé décalé et le hip hop, notamment le krump.
Chaque tableau nous a frappé, comme une facette de la réalité de la société congolaise. Une société où certains sont marginalisés, méprisés et humiliés par les gens détenteurs du pouvoir, avec en prime le laxisme de l’administration, sa violence et son absurdité.
La compagnie Cap Congo a travaillé dur pour devenir ce groupe, ce collectif, qui sait être ensemble tout en conservant les singularités de chacun. Chaque danseur a son style, de la tradition au plus contemporain, et tous ensemble, dans une grande complémentarité, en dansant sur le plateau avec des éléments très simples, comme des bancs, des percussions, des bois, composent un corps collectif particulièrement émouvant. Il faut souligner combien la lumière du spectacle rend honneur à ce corps collectif, par ses nuances et ses subtilités, ainsi que la musique, un mélange de sons composés pour le spectacle et de morceaux plus connus.
Comme l’a souligné un spectateur, «la compagnie Cap Congo est le reflet de la société congolaise, où chacun est différent et dans laquelle nous aspirons à ne former qu’un».
Les spectacles de danse apportent beaucoup selon nous au festival Mantsina sur scène, la scène congolaise contemporaine est bouillonnante même si nous regrettons que les femmes n’y soient pas encore assez nombreuses.

Jazz et vin de palme, un spectacle de danse de la Compagnie Cap Congo sur un texte d’Emmanuel Dongala
Chorégraphie, dramaturgie et adaptation: Herman Diephuis / Cap Congo
Avec: Juvhet Badinga, Vesna Mbelani, Loïck Ngoukou, Maël Minkala, Karel Kouelani
Son et Lumière: Cléo Konongo
Roxiane KOUVOULOU
Article réalisé dans le cadre des ateliers Les Bruits de Mantsina