Les comédiens de L’Or des Femmes lors de la soirée d’ouverture de Mantsina 2019
Aimé Gnali Mambou est une écrivaine, ancienne ministre de la Culture de la République du Congo. Le festival Mantsina sur scène a programmé cette mise en scène d’un des textes d’Aimé Gnali Mambou, L’Or des femmes, le jour de l’ouverture du festival.Le metteur en scène est un militant de l’art théâtral congolais, Jehf Biyéri. Il s’agit de l’histoire d’une jeune fille qui n’a pas le droit de choisir l’homme qu’elle aime et d’un jeune homme qui ne peut pas plus choisir la femme qu’il aime. Nous sommes ici dans un contexte où ce choix échoit à l’autorité parentale, plus encore à une autorité socialement hiérarchisée. Bouhoussou est soumise aux rites d’initiation traditionnels vili et est destinée, au sortir de cette initiation, à épouser «L’or des femmes», un homme noble, polygame et plus âgé qu’elle. Personne ne peut aller à l’encontre de ces décisions, pas même le beau Mavangou qui l’aime, et la colère gronde parmi les jeunes, comme s’il suffisait seulement d’avoir de la fortune et de l’âge pour s’approprier «l’or des femmes».
Le temps passe, les époques changent et pourtant les mêmes problèmes reviennent. Cette pièce nous montre toujours hélas une certaine réalité quotidienne. Il s’agit du fameux conflit des générations qui reste dissimulé derrière tant de situations sociales les plus actuelles.
Comment briser les normes établies par la tradition, nous n’avons pas fini d’y réfléchir!
L’Or des Femmes, compagnie Ku Konde, texte de Mambou Aimé Gnali, mise en scène Jehf Biyéri
Dexter MILANGOU Article réalisé dans le cadre des ateliers Les Bruits de Mantsina
Coup de coeur de l’atelier Les Bruits de Mantsina, le Hamlet mis en scène par David Bobée avec les comédiens de Pointe-Noire nous a déjà inspiré deux articles: (voir ici et ici)
Nous avons profité de la rencontre avec l’équipe artistique à l’espace Carrefour, après les représentations, pour poser quelques questions au metteur en scène, David Bobée, et au producteur du spectacle (qui joue aussi dedans), Pierre Claver Mabiala.
David Bobée / Pierre Claver Mabiala
Les Bruits de Mantsina: Pourquoi vous avez choisi de mettre en scène Hamlet?
David Bobée: L’idée au départ était de faire un stage de formation en dix jours, mais je n’avais pas envie de cela, j’ai préféré faire une création, pour que les artistes jouent et ne soient pas mis en position d’apprenant avec un supposé sachant. Je n’avais que dix jours, donc j’ai choisi un texte que je connaissais très bien. On a créé le spectacle en janvier dernier à Pointe-Noire, on l’a montré en juin, la directrice du festival Mantsina, Sylvie Dyclo Pomos, l’a vu et a souhaité inviter le spectacle, pour essayer de créer un lien entre les artistes de Pointe-Noire et de Brazzaville et de créer une résonance dans la capitale du pays où il s’est créé.
Jouer Hamlet dans le cadre du Mantsina, évidemment, ça crée une résonance politique, toute une dimension de résistance par rapport à un ordre du monde inacceptable, irrespectueux de la vie humaine, il y a chez Hamlet quelque chose d’une agitation qui va essayer de renverser l’ordre du monde, de faire pourrir ce qui n’arrive pas à pourrir, d’essayer de faire advenir des endroits de vérité. Pour ce festival engagé, militant, qui ne cesse de faire réfléchir le Congo et les Congolais, cela ne peut que résonner.
Les Bruits de Mantsina: Est-ce que par rapport au thème du festival, «le dynamisme d’une jeunesse», vous pensez que c’est une pièce qui peut faire réfléchir la jeunesse congolaise?
David Bobée: Hamlet, c’est une excuse. Ce qui parle à la jeunesse aujourd’hui, ce sont les artistes d’aujourd’hui, qui sont des jeunes pour la plupart. Les acteurs, ce sont des hommes et des femmes qui s’emparent de ce texte et c’est cela qui parle à la jeunesse je pense. On a eu des centaines d’enfants qui ont passé leur journée à nous regarder répéter et qui à la fin connaissent par cœur la réplique d’Hamlet « être ou ne pas être» , c’est quelque chose de très beau. En fait, ce texte là fait partie d’un patrimoine universel, c’est important de s’échanger ces outils de pensée, de nourrir une culture commune, de provoquer cette rencontre entre le théâtre élisabéthain de Shakespeare et la culture congolaise d’aujourd’hui.
Pierre Claver Mabiala: Cette astuce qui a fait qu’on s’est mis ensemble au départ, c’est aussi parce qu’il y a eu des comédiens français qui sont venus travailler [à Pointe-Noire] sur une mise en scène d’Harvey Massamba. Il n’y a pas de pièce qui doit parler à tel public ou tel autre. On a fait un travail, on a travaillé avec des artistes. Vous connaissez l’histoire de Sony Labou Tansi, il travaillait en fonction des comédiens qui étaient avec lui. Là où je loge, à Diata, il y a un comédien qui a travaillé avec Sony, qui était avec lui à Pointe-Noire et qu’il avait ramené à Brazzaville. C’est ce qui faisait la force de Sony. Il a vu les acteurs, il a vu le contexte et il a demandé aux acteurs de s’exprimer. C’est cela la vraie force du théâtre, comment on prend un texte qui vient d’ailleurs, et comment avec son quotidien, on le renvoie sur la scène. D’autres metteurs en scène peuvent faire autrement, lui David l’a fait comme cela, nous en sommes très contents. David donne cette liberté aux artistes de s’exprimer, nous en sommes très heureux.
Les Bruits de Mantsina: Est-ce que les références congolaises dans le spectacle favorisent la communion avec le public congolais?
Pierre Claver Mabiala: Si un jour on va jouer au Chili, on ne va pas prendre des chansons du Chili, on le jouera comme cela! Nous on veut marquer la pièce avec son identité de base, elle s’est jouée ici, avec les comédiens de Pointe-Noire, avec leur interprétation, et c’est notre version, on le porte comme cela.
David Bobée: Un texte écrit au 16e siècle en Angleterre dans la réalité d’alors, cela a autant à voir avec moi que cela a à voir avec vous! C’est un texte très riche, universel, qui peut se partager. Quand je monte Hamlet en France, je le fais avec ce que les comédiens amènent, en fonction de qui ils sont. Ici, le contexte influe sur la mise en scène, les artistes amènent la créativité qui est leur culture. La culture, ce n’est pas tant une façon de faire qu’il faudrait reproduire. C’est ce qu’on hérite dans des racines très variées, ce que l’on fait aujourd’hui avec les gens qui nous entourent, ma culture elle se transforme, là, avec ma rencontre avec les comédiens. Je ne suis pas sûr qu’on ait fait Shakespeare à la sauce congolaise, je suis sûr qu’on a fait Shakespeare au Congo. La rencontre qu’il y a là, entre un Français et des Congolais, a une influence. On n’a pas voulu exotiser Shakespeare, on lui a rendu hommage avec ce que sont les comédiens, avec la culture des acteurs et actrices qui sont là. C’est une façon de penser de nouvelles relations pour moi. J’ai accepté de monter un spectacle avec eux à la seule condition que mes acteurs résidents en France puissent travailler sur un spectacle avec un texte congolais mis en scène par un metteur en scène congolais. Personne n’a rien appris à personne, on a juste échangé à égalité, il y a une influence mutuelle, qui les a fait avancer, vers quelque chose qui s’appelle une culture commune. Quand on est un metteur en scène français, ce n’est pas anodin de venir au Congo dans la position de diriger des artistes congolais. Ce n’est pas une chose facile, ou bien c’est trop facile et cela devient insupportable. Il faut travailler sur le poids de l’histoire, les relations ne sont pas neutres, on doit vraiment l’assumer et être responsable de cela si on veut un peu d’égalité. On a deux choix: ou bien on s’en fout et on est dans la culture de la domination ou alors de se préserver, de ne plus aller dans les anciennes colonies, car le poids de l’histoire est trop dur, ce qui est une connerie, car on passe à côté de très belles rencontres et de la possibilité de créer une rencontre plus égalitaire. Il y a une troisième solution, celle d’essayer de mettre en place tout un tas de dispositifs qui remettent un peu les échanges ailleurs, on se met au service d’énergie et d’initiatives congolaises. En me mettant en dehors de mes clous, hors de mes codes, et en travaillant avec la réalité de ce que je trouve ici, à l’espace Yaro, où on a travaillé à l’extérieur, au milieu des gens, avec les mamans du quartier. Ce déplacement mutuel permet de changer la relation verticale habituelle dans la relation nord-sud, pour remettre un peu d’horizontalité.
Les Bruits de Mantsina: Le théâtre est un moyen pour retrouver une égalité de rapport donc ?
David Bobée: Je pense qu’il y a des actes responsables qui doivent venir des politiques avant toute chose et assumer l’histoire. Les artistes, les spectateurs, le temps d’un spectacle, par le plaisir du théâtre, se mettent à travailler ensemble leur recul critique par rapport à ce qui est présenté. On partage des outils de compréhension du monde, pour agir. Il se joue quelque chose d’une création commune, du partage de la pensée qui sont des outils qui ont à voir avec la démocratie et permettent de prendre du recul sur la situation par le biais de la métaphore.
Les Bruits de Mantsina: L’humour du spectacle nous a beaucoup et agréablement surpris, en ce qui concerne une tragédie…
Pierre Claver Mabiala: On n’est pas là pour faire une leçon à des gens, je n’ai pas envie de le faire. Dans la vie, dans le quotidien des Congolais, un ami me faisait remarquer qu’il nous faut rire pour éviter de tomber malade, de notre colère. On a envie d’avoir l’esprit tranquille et une bonne santé. C’est aussi une façon de dire les choses, l’humour. Après, il y a des textes, comme Hamlet, qui abordent les choses comme cela aussi.
David Bobée: La fabrique du théâtre élisabéthain, c’est le mélange du tragique et du grotesque. Les traducteurs, avec leurs contextes, leurs époques, leurs canons esthétiques, ont gommé parfois ce qui est de l’ordre du grotesque, du vulgaire même. Ils ont ainsi enlevé l’étendue du langage de Shakespeare, et la profondeur de jeu incroyable qu’apporte ces différents niveaux de langue. Il y a plein de tragédies où des blagues très potaches peuvent arriver, cela nous fait un effet de recul par rapport à ce qu’on vit, c’est une manière de ne pas prendre les gens pour des cons. On n’est pas en train de vous faire croire à une histoire tragique, on la représente. Vous êtes spectateurs dans vos sièges, ne l’oubliez pas, on est au théâtre, réfléchissez le monde ! Le théâtre est un miroir du monde, vous n’avez pas besoin que l’on vous raconte des histoires, vous avez besoin que l’on vous représente votre propre monde. C’est cela Shakespeare.
Les Bruits de Mantsina: Pierre Claver Mabiala, vous pensez que cette pièce pourrait être un miroir de notre société ?
Pierre Claver Mabiala: Je vais vous parler d’une adaptation que j’avais faite de William Sassine, de son texte Saint Monsieur Baly, l’histoire d’un enseignant qui remet à l’école les rejetés de la société, il se bat, tout se casse. L’histoire est vraie, elle s’est passée au Niger. Dans le cadre d’une bourse visa sur la création, je suis allé faire des recherches sur Sassine en Guinée pour le savoir. Il a écrit cette pièce en 1973, elle est toujours aussi actuelle aujourd’hui, peut-être plus. On vient au théâtre pour réfléchir à ce qu’un spectacle nous apporte, pas pour des conclusions qu’auraient posé définitivement un texte et des comédiens. Avec Hamlet, on peut penser à nos rapports hommes-femmes par exemple, à certains mariages forcés qui entretiennent le contrôle des hommes sur des femmes.
David Bobée : C’est vrai pour Shakespeare et le théâtre en général. C’est un miroir. A un moment dans Hamlet, il est question d’un monde qui pourrit et de l’autre qui tarde à arriver. Le passage d’une génération à une autre par exemple, c’est une question qui se pose pour nous tous. Le miroir tendu n’exprime rien en lui-même, ce sont les gens qui viennent voir le miroir qui vont lire à l’intérieur du miroir. Toute la violence d’Hamlet, c’est de mettre un miroir devant chacun des personnages. Il met un miroir devant la reine et il lui dit «Regarde ce que tu as fait». Il fait la même chose avec Claudius, avec la pièce de théâtre qu’il lui montre. Idem pour Polonius qui se prend pour un sage et qui n’a aucune intelligence. Il met un miroir devant Ophélie en lui disant «Pourquoi tu te maquilles, je t’aime déjà, tu réponds à quelle injonction de la société pour accepter d’être instrumentalisée?». Et ainsi de suite. Ce procédé là, le situationnisme d’Hamlet, renvoie à la représentation elle-même. On crée une situation, dans la rue, qui n’est pas n’importe quelle rue, qui a une histoire, dans laquelle les spectateurs vont venir se regarder.
Les Bruits de Mantsina: Comment s’est fait la distribution des rôles dans la pièce ?
Ophélie (Mixiana Livty Laba) (c) Bobée
Pierre Claver Mabiala: J’ai envie de dire qu’il y a un travail qui s’est fait par Fabienne Bidou, ancienne Directrice déléguée de l’IFC de Pointe-Noire, qui est à la base de cela, qui a lancé le projet, qui a contacté David et qui m’a contacté. Pour les comédiennes, deux seulement se sont inscrites, cela tombait bien, il y avait deux rôles féminins! Il n’y a pas eu de discussion. Moi j’ai eu une discussion avec Nestor [Mabiala], avec qui je travaille souvent, avec qui on se fait confiance, il a choisi d’être le roi. On n’a pas fait d’auditions!
David Bobée: Je n’ai jamais fait d’auditions de ma vie entière. Je travaille avec les capacités des gens, je sais que je vais pouvoir mettre en scène les personnes pour que les spectateurs les regardent là où je les aime. Les personnages pour moi n’existent pas, c’est du papier, c’est ce que les gens qui les travaillent en font. Celui qui joue Hamlet [Mouz Ferregane], c’est son premier rôle de théâtre, il est rappeur lui. Il a un rapport à la langue. On a travaillé pour faire sortir des choses des personnes pour remplir le vide des personnages.
Les Bruits de Mantsina: Pierre Claver Mabiala, cela a été votre choix d’interpréter Polonius?
Pierre Claver Mabiala: Au début, comme vous l’a expliqué David, on nous avait donné l’information que c’était un atelier. Et après, on a appris que c’est un spectacle qu’on va faire en dix jours! On a appris le texte, on a travaillé. Donc moi je suis comédien, on me donne du boulot, je fais.
Hamlet dans la rue Hyppolite Memba, Matour Makélékélé (c) Bobée
Les Bruits de Mantsina: La mise en scène est extraordinaire! Comment est-elle née? Dans l’espace public, on casse beaucoup de règles. Est-ce que cela va dans votre perspective habituelle de travail?
Pierre Claver Mabiala: Pour mon combat à l’espace Yaro, ce qui m’a transformé, c’est de prendre mon courage de sortir de là où je suis. J’ai travaillé avec des collègues, des metteurs en scène qui ne sont pas congolais et j’ai toujours pris le soin d’aller voir là où ils sont. Et j’ai été façonné comme cela. Quand j’ai commencé à voyager, quand je voyais un spectacle venir au CCF, tout ce qui me paraissait grand, démesuré, m’a marqué. Ce qui m’a le plus formé, c’est le off d’Avignon en 2002, j’étais un jeune metteur en scène là-bas, la débrouille qui y règne m’a marqué, j’ai vu de grands spectacles en Avignon, comme le Platonov d’Eric Lacascade où David Bobée était assistant à la mise en scène, dans la cour d’honneur du Palais des papes. La folie pour moi parle de très loin, de ces grandes choses, mais je ne les fais pas car je n’en ai pas les moyens. Cela ne veut pas dire que je ne peux pas le faire. Là, nous avons saisi l’occasion avec la venue de David.
David Bobée : C’est le principe de mon métier, l’idée est de rencontrer les gens et de se faire déplacer par eux et d’espérer pouvoir être déplacé aussi, pour essayer de créer un territoire commun. Donc quand j’arrive ici, je me laisse déplacer par les êtres que je rencontre et je n’arrive pas avec une idée préconçue de la mise en scène. La mise en scène, ce n’est pas d’arriver avec des idées pour les appliquer, la mise en scène, ce sont les comédiens avec qui je vais travailler, tu inventes avec cela, c’est cela la créativité, ce n’est pas un art d’application mais un art vivant, créatif. Le spectacle Platonov du palais des Papes, c’est le genre de lieu extraordinaire où tu ne peux pas poser un décor. D’abord, tu dois travailler pour la scène, c’est par le lieu que tu vas trouver ta mise en scène. Quand tu arrives à l’espace Yaro ou dans la rue Mbemba Hyppolite [à Brazzaville, où s’est joué Hamlet pendant Mantsina], c’est la même logique, qu’est-ce qu’elle nous offre cette rue? Bien sûr, il y a de la contrainte, il n’y a pas toute la technique qui faut, on manque de certaines choses, mais il y a plein de possibles, la question, c’est comment tu fais pour transformer ces possibles là en signes, pour travailler à la construction du spectacle. Tu sais, je fais du théâtre contemporain, de répertoire, du cirque, de l’opéra, du cinéma, de la danse, je n’ai pas envie de m’arrêter aux disciplines, je suis un peu allergique aux assignations. Tu fais du théâtre, donc le théâtre, c’est comme cela, le texte doit être au centre, donc tu dois être dans un théâtre avec des murs, tu es français donc tu dois faire du théâtre que comme cela, non ! J’ai besoin d’être bouleversé et ce bouleversement là, je l’ai en travaillant ici, en travaillant en Russie, en travaillant en Colombie, en travaillant chez moi, en travaillant dans des écoles, mais aussi dans des opéras, j’essaie de trouver à chaque fois des continents symboliques, complètement nouveaux pour moi, qui vont me transformer.
Les Bruits de Mantsina: Qui a fait la chorégraphie d’Hamlet?
David Bobée: C’est nous tous. On ne naît pas en étant acteur ou danseur, les frontières ne m’intéressent pas, il faut les traverser, les faire exploser. Ce groupe là est extraordinaire car ce n’est pas le groupe de Claver, ce n’est pas Claver qui dirige un groupe d’acteurs et ce n’est pas moi qui ait fait des auditions pour choisir ou ce n’est pas moi qui pilote, il y a un engagement des uns et des autres qui existe uniquement par la volonté d’être ensemble. Chacun a une place différente et l’ensemble crée un collectif informel, lequel vient à Brazzaville uniquement pour faire partie de ce festival là, par militantisme, c’est ce qui est joli. Il n’y a pas de leader là-dedans, nous sommes tous au service de ce qu’on pourrait appeler un mouvement plutôt qu’une compagnie, le mouvement des comédiens de Pointe-Noire.
Les Bruits du Mantsina: Quelle est la situation du théâtre à Pointe-Noire, et que fait plus précisément l’espace Yaro?
Pierre Claver Mabiala: Le théâtre à Pointe-Noire est réel, il y a des comédiens, on est sur des questions d’accompagnement aussi, comme à Brazzaville ou Kinshasa. Il y a des lieux qui travaillent, qui sont nos outils de travail et sont aussi des lieux d’accueil des spectateurs et de création de communautés. Il y a un vrai travail qui se fait avec les populations partout, à l’espace Yaro, on fait des ateliers avec les enfants, on est en train de faire des spectacles avec une entreprise, il y a un festival de théâtre à Pointe-Noire. On ne sait pas demain comment cela va être, mais les initiatives sont là. Nous sommes nombreux à faire de la formation d’acteurs. Sur ce point de vue là, il y aura des comédiens, cela va se développer de plus en plus. Les connexions que l’on crée avec l’extérieur, le CDN de Rouen, Kinshasa, le Mali, nous aident beaucoup. L’un des éléments ralentisseurs, c’est que l’on ne sait pas où est-ce que l’on va jouer demain. Mais quand on le sait, les choses sont beaucoup plus rapides à se mettre en place. Hamlet va circuler à Kinshasa, Libreville peut-être et puis on va voir. C’est un spectacle qui demande un gros budget, on est conscient de cela. Un moment personnellement, j’ai eu un sommeil sur certaines choses, mais là on se rend compte qu’il faut anticiper. On a envie de consolider cette démarche, car on a envie de sortir un travail, et par la suite, il faut se faire un peu plaisir. On se dit tout, on est un groupe, on cherche ce qui est bien pour nous et on y va. On est conscient que c’est une grande équipe, vingt personnes. La première fois qu’on l’a montré, c’est à l’IFC de Pointe-Noire, puis à l’espace Yaro, là Brazzaville, on aimerait aller à Dolisie, Delavallet Bidiefono nous disait que pour la prochaine édition de son festival BO YA KOBINA, il va le reprendre, on essaie de mobiliser les accueils possibles.
Claver Mabiala à l’espace Yaro, à Pointe Noire (c) Bobée
David Bobée: Sur la production, c’est effectivement un mélange de différents financements qui a permis de la faire, mon théâtre le CDN de Rouen s’est impliqué sur l’accompagnement, je n’aurais jamais les moyens de faire venir tout le monde chez moi, mais par contre, nous travaillons pour que le spectacle ait une existence sur sa zone géographique, le Congo bien sûr et autour. C’est un spectacle ambitieux dans la forme, il y a 400 sièges pour les spectateurs, c’est un grand spectacle, mais si tu regardes les accessoires, il y en a trois. La coupe empoisonnée, c’est une bière Primus, le crâne et les os, on les a commandés au sculpteur à côté de Yaro, la réalité est notre seule scénographie. Les financements qu’il faut arriver à trouver, c’est entre les forces invitantes, le festival et les futurs théâtres et les forces organisatrices, comme l’espace Yaro, l’IFC éventuellement qui est partenaire, le CDN de Rouen où j’ai envie que cela existe, les financement ne serviront qu’à payer les gens. C’est une histoire de la production qui raconte l’histoire du théâtre tel qu’on le défend idéologiquement. Ce sont les personnes qui portent le truc, bien plus que le désir du metteur en scène ou sa reconnaissance ou que sais-je ? L’enjeu est de trouver les financements pour les salaires des gens qui œuvrent. La production appartient à l’espace Yaro et c’est lui qui pilote.
Les Bruits de Mantsina: Votre rapport au Congo, c’est une longue histoire avec ce pays?
David Bobée: Elle date de 2006, un garçon qui s’appelle Philippe Chamaux, qui est aujourd’hui mon directeur adjoint au CDN, qui a l’époque était déjà un ami. Un jour, il me dit : «Il faut que tu ailles à Brazzaville. Quoi? Il faut que tu ailles à Brazzaville. Mais pourquoi? Tu verras.» Il me fait partir à Brazzaville, au moment d’un festival dirigé par Orchy Nzamba, j’arrive et je découvre des personnalités bouleversantes, un talent fou, une réalité différente de la mienne qui me déplace, qui me met du plomb dans la cervelle, qui me fait mieux réfléchir mon rapport au monde et je reviens bouleversé. Là, je rencontre Delavallet Bidiefono, je me dis j’ai en face de moi le plus beau danseur du monde, il faut absolument que je travaille avec ce mec. Je pense à le faire venir travailler avec moi sur un spectacle en France, puis je réfléchis. Je me rends compte qu’il démarre une compagnie, Baning’Art, c’était le tout début, et qu’il démarre la création de son espace artistique, je me dis que je serais vraiment un salaud de prendre la personne qui m’intéresse et de me moquer du contexte dans lequel il travaille. Donc j’ai décidé d’inviter toute sa compagnie à venir travailler en France avec moi. Et en l’inscrivant ainsi dans des lieux institutionnels, cela a contribué à ce qu’il soit connu, que son talent préexistant existe à cet endroit là. Puis il a commencé à faire des tournées dans ces réseaux là et à très vite vivre de ses propres ailes. Avec Delavallet Bidiefono, on a fait quatre spectacles ensemble, ou bien il était chorégraphe sur mes spectacles à moi, ou bien il était acteur, on a créé un spectacle ensemble en Russie, il y a une vraie histoire forte issue de cette rencontre. Et depuis je n’arrête pas de travailler avec des Congolais depuis la France. Je suis revenu plusieurs fois ici. Après, une petite histoire personnelle m’a mis un coup, j’accompagnais un jeune pour faire ses études, et puis il est venu en vacances en France et il a fui, cela m’a mis un coup car il était brillant et faisait des études exemplaires ici au Congo et il avait vraiment la volonté de faire de la politique dans son pays, j’ai pris du recul. C’est l’invitation de Fabienne Bidou de l’IFC à Pointe-Noire, ville que je connaissais peu, qui a ravivé cette envie de travailler ici, et de construire une culture commune entre les frères et sœurs de Pointe-Noire et les amis en France.
Entretien mené par Credo Eguenin, Dexter Milandou et Rodney Zabakani dans le cadre de l’atelier Les Bruits de Mantsina, le 22 décembre 2019 à Brazzaville.
Hamlet a été joué les 20 et 21 décembre 2019 rue Hyppolite Memba à Matour, Makélékélé, dans le cadre du festival Mantsina sur scène 16e édition.
Distribution:
Mouz Ferregane (Hamlet)
Alexandra Guenin (La Reine)
Nestor Mabiala (Le Roi)
Pierre Claver Mabiala (Polonius)
Harvin Isma Bihani Yengo (Laerte)
Mixiana Livty Laba (Ophélie)
Rockaël Mavounia (Horatio)
Orlande Zola et Steven Lohick Ngondo (Guildenstern & Rosenkrantz)
Hardy Moungondo (Osric)
Nicolas Mounbounou (Le Fossoyeur, la troupe)
Merveille Toutou (Le Spectre, la troupe)
Fred Obongo, Maël Ouemba, Jean Bonheur Makaya, Jules Mvouma-Lebanda (la troupe)
LES BRUITS DE MANTSINA: Quel était votre état d’esprit avant le spectacle?
Catherine Gil Alcala: Je me suis reposée aujourd’hui parce que j’ai beaucoup répété les jours précédents. C’est ce que je fais avant tous mes spectacles et avant d’être sur scène, je me repose et j’essaie de méditer pour avoir l’esprit tranquille.
LES BRUIT DE MANTSINA: Est-ce la première fois que vous jouez à Brazzaville et dans le festival Mantsina?
Catherine Gil Alcala: Oui c’est la première fois que je viens jouer en Afrique en général et à Brazzaville en particulier. J’étais super contente d’etre invitée ici et ma motivation d’essayer de vous faire rentrer dans mon univers. J’espère que je vais y arriver, après c’est vous qui allez me dire ce vous avez ressenti.
LES DE BRUIT DE MANTSINA: Qu’est-ce qui vous a plu lors de votre arrivée à Brazzaville?
Catherine Gil Alcala: A mon arrivée, j’étais vraiment hallucinée par les rues de Brazzaville, je ne réalisais pas du tout ce qui se passait. Voilà j’avais vu Brazzaville sur des photos et sur des vidéos et donc j’étais à Brazzaville pour de vrai ! Je ne comprenais absolument pas ce qui se passait et c’est le lendemain seulement que j’ai réalisé où je me trouvais. il y a beaucoup d’inspirations, de talents et de grand artistes ici et j’aime bien l’ambiance de Brazzaville.
LES BRUITS DE MANTSINA: Le festival Mantsina-sur-scène, que représente-t-il pour vous?
Catherine Gil Alcala: Je pense que c’est un festival de qualité. Je connaissais Dieudonné Niangouna, je l’avais vu jouer au théâtre et puis j’avais entendue un texte de Sylvie Dyclo- Pomos J’ai vu sa mère aussi jouer au théâtre. C’est une belle famille de comédien qui représentent ce festival ! C’est très important pour moi d’être invitée à un festival que j’estime et ça fait du bien de sortir de France, de rencontrer un nouveau public. C’est vrai que ce n’est pas la même atmosphère qu’à Paris évidemment, j’avais besoin de ce dépaysement total. J’aimerais découvrir ce pays, découvrir Brazzaville, parce que pour connaître il faut rester longtemps et ce qui est dommage c’est que je ne reste que dix jours seulement.
LES BRUITS DE MANTSINA: Pourquoi jouer Zoartoiste dans le festival Mantsina?
Catherine Gil Alcala: Alors Zoartoiste a été le choix des organisateurs du festival. J’ai fait trois propositions et l’on en a retenu deux, c’est génial. Dans le festival, une compagnie de Brazzaville fera aussi une lecture d’un de mes textes, la Tragédie de l’âne, la compagnie Nsala. J’ai beaucoup joué à Paris et en Belgique aussi. En Afrique, comme je vous le disais, c’est la première fois que je fais découvrir mon travail.
Propos recueillis par Roston Francel SAMBA, le 18/12/2019 à Brazzaville
Article réalisé dans le cadre de l’atelier Les Bruits de Mantsina 2019
Cendre sur les mains (Actes Sud, 2002), pièce écrite par Laurent Gaudé et mise en scène par Jean Clauvice Ngoubili
L’histoire se déroule dans un pays dévasté par la guerre et l’épuration ethnique. Cette histoire pourrait se dérouler n’importe où, et donc dans notre Congo. Deux fossoyeurs accomplissent leur tâche quotidienne: faire disparaître les cadavres en les brûlant. Une femme, du camp opposé, une rescapée de cette boucherie humaine, apparaît. Elle est traumatisée, elle n’a plus de voix. Les hommes la nourrissent et décident unilatéralement qu’elle va les aider à entretenir le bûcher. Elle ne s’adresse qu’aux morts. Peu à peu, une maladie recouvre la peau des fossoyeurs, rongée par la cendre. Insensiblement, la présence des morts envahit les vivants. D’une situation qui pourrait être actuelle, ce texte de Laurent Gaudé (romancier, dramaturge, qui a obtenu le prix Goncourt pour son roman Le soleil des Scorta, en 2004) nous entraîne dans un récit de l’absurde, où seuls les gestes nous relient encore à notre part d’humanité.
Entretien avec le directeur de la Compagnie Atelier Bobatu, Jean Clauvice Ngoubili, metteur en scène de la pièce
Les bruits de Mantsina: Pourquoi avoir choisi ce texte de Laurent Gaudé? Jean Clauvice Ngoubili:Ce n’est pas pour la première fois que je la monte, je l’ai monté en 2012, c’était une commande du festival Mantsina. Mantsina a ce bon côté de nous faire découvrir des textes, car il y a des lectures de textes d’auteurs que l’on découvre et c’est un auteur que je ne connaissais pas et donc je découvre ce texte lors d’une lecture et là je me disje veux la monter, et après aussi Mantsina me propose de faire une création sur ça, la première fois en 2012. Pour cette édition, j’ai décidé de monter à nouveau la pièce, en me détachant de tout ce que j’avais fait précédemment.
Les bruits de Mantsina: Qu’est ce qui vous a vraiment plu dans texte? Jean Clauvice Ngoubili: Moi Je suis amoureux des belles phrases, il y a des très belles phases dans ce texte et puis l’histoire aussi ; l’histoire de ces deux fossoyeurs qui sont là, à leur travail, dont le travail c’est de bruler les corps et après ils on en marre! Ce travail n’est pas rémunéré, ils sont réduits à la pire des conditions, celle d’une tâche inhumaine qui les tue. Etje pense quederrière ça, il y a beaucoup, chacun peut imaginer une histoireet donc voilà ce qui m’a poussé a faire cette pièce. C’est un texte qui me tient à cœur, car ce que raconte Laurent Gaudé dans ce texte me plaît beaucoup. Cette histoire m’emmène à penser à beaucoup de choses, notamment les histoires qui se sont passées ici à Brazzaville. J’ai depuis des années dans ma vision et dans mon champ de création ce texte, Cendres sur les mains.
Les bruits de Mantsina: Je m’attendais à suivre une scène de Sony Labou Tansi ou de Tchikaya U Tam’Si, des auteurs congolais.
Jean Clauvice Ngoubili: Je suis un metteur en scène et un artiste, donc un artiste n’a pas de frontière, ni de couleur, ni de pays, ce qui justifie même mon choix pour les comédiens, il y a des comédiens blancs et des comédiens africains. Donc que je monte une pièce de Sony Labou Tansi ou de Laurent Gaudé, je me dis que je monte ces auteurs et non leur nationalité.
Les bruits de Mantsina: Nous avons entendu par la bouche des spectateurs que ce spectacle est le meilleur jusqu’à ce jour. Jean Clauvice Ngoubili: Je ne fais pas de polémique, nous ne sommes pas en concurrence, c’est un partage ce festival.
Les bruits de Mantsina: Vous êtes un ancien du festival, vous avez été artiste associé d’une édition quand Dieudonné Niangouna dirigeait le festival. Mantsina pour vous, c’est quoi? Jean Clauvice Ngoubili: Mantsina ce n’est pas pour moi mais plutôt pour tous les artistes et puisque je suis artiste donc je suis ce festival.
Les bruits de Mantsina: Etes vous satisfait de votre mise en scène? Jean Clauvice Ngoubili: La perfection n’est pas humaine mais je suis fier des efforts que nous avons fourni. Nous avons eu très peu de répétitions, même pas vingt.
Les bruits de Mantsina: Un dernier mot?
Jean Clauvice Ngoubili: C’est le théâtre qui gagne!
Propos recueillis par Credo EGUENIN, le 17/12/2019à Brazzaville.
Article réalisé dans le cadre de l’atelier Les Bruits de Mantsina 2019
«Quel est l’avenir de tous ces enfants? Réussira-t-on à leur donner du travail? A-t-on pensé aux emplois nouveaux? D’ici à l’an deux mille, ces enfants Que vont-ils devenir?»
Ainsi s’interrogeait l’artiste musicien Pamélo Mounka, dans son œuvre intitulée «Je me demande».
En cette 16e édition de Mantsina sur scène, qui a pour thème «Le dynamisme d’une jeunesse», ces interrogations de l’artiste congolais sont plus que d’actualité. Quel est l’avenir de tous ces jeunes en manque d’emploi et de la Culture? Mantsina sur scène, dès sa première édition, s’est senti investi d’une mission: La réinsertion et la formation des jeunes dans le domaine des métiers des arts, en invitant des formateurs, venus de différents pays assurer les formations de jeu d’acteur, d’écriture, de mise en scène, de scénographie, de réalisation.
Pour cette 16e édition, nous avons comme formateurs:
Fabrice Gorgerat, venu de la Suisse, pour la formation de mise en scène
Thierry Beucher, de France, pour la formation jeu d’acteur et écriture
Valérie Manteau et Julie Peghini pour l’atelier réalisation et journalisme
Christian Giriat, venu d’Avignon, qui a supervisé la Résidence d’écriture tenue en octobre dernier à Gare aux pieds nus, en partenariat avec La Chartreuse Villeneuve Les Avignon.
Chers artistes, comédiens, acteurs, metteurs en scène, régisseurs, scénographes, danseurs, percussionnistes, peintres, où que vous soyez, entêtez-vous dans votre art. Ne nous laissons pas intimider par l’interdiction formelle d’exercer notre art qui nous a été infligée en cette année 2019. Partout, dans nos quartiers, formons les jeunes dans les métiers de l’art. Ainsi, nous viendrons à bout des violences dans le milieu de la jeunesse. Un jeune hanté par la création artistique n’a que faire d’une machette, sinon que de tailler un bout de bois pour en faire une œuvre artistique. Comme je le dis souvent, je le redis encore, «il faut inonder le Congo de Culture». Nous, artistes, nous avons le devoir de créer dans chaque quartier de notre ville, des espaces culturels. Ne nous attendons plus aux subventions de la part des pouvoirs publics. Ils n’ont jamais de budget pour la culture. Travaillons avec les moyens de bord. Faisons de sorte que dans chaque famille artistique, l’art se perpétue de génération en génération. Comme un palmier en fin de cycle qui régénère.
Le festival Mantsina sur scène n’est pas un parti politique. Nous sommes une armée culturelle. Armée culturelle, parce que nous recevons un renfort en énergie de tous les artistes de par le monde. Nous livrons sans cesse une bataille contre les vents de tous bords qui tentent de couler ce vaste chantier culturel qu’est Mantsina sur scène. Le festival Mantsina sur scène n’est pas la propriété privée d’un individu. C’est un patrimoine culturel mondial.
Hormis les formations sus mentionnées, en cette 16e édition, nous aurons des spectacles, des rencontres, des projections et expositions.
Comme pays invité: le Benin, la France, la RDC, la Suisse et le Congo pays organisateur.
Nous remercions nos invités qui sont déjà à Brazzaville: Fabrice Gorgerat comédien metteur en scène (Suisse), Thierry Beucher, Christiane Boua, responsable des relations publiques et actions culturelles au festival des Francophonies de l’écriture à la scène (France), Nicolas Martin Granel membre du club «les amis de Sony», Alice Desquilbet, Sonia Le Moigne Euzenot membre du jury du Grand Prix Littéraire d’Afrique noire.
Nous remercions les compagnies étrangères déjà présentes à Brazzaville: la Cie Ku NKondé représentée par Djeff Biyéri, la Cie Mata-Malam représentée par Valentine Cohen, la Cie la Maison Brulée représentée par Catherine Gil Alcala.
Nous remercions nos partenaires:
L’Institut français Paris
L’Institut français du Congo/ Brazzaville
L’Institut français du Congo/ Pointe -Noire
L’Organisation International de la Francophonie (OIF)
La Chartreuse (Villeneuve Les Avignon)
Radio France international
Les Bruits de la Rue
Les Ateliers Sahm
Les Courageux
Tabawa
Les dépêches de Brazzaville
Vox TV
DRTV
Radio Mucodec
La Marie de Brazzaville
Le Ministère de la Culture et des Arts
Le Ministère des Eaux et Forêt
Les Récréâtrales
Gare aux pieds nus
CDC Baning’art
La p’tite faim
Matos Binsangou
L’Espace Tiné
La famille Bouesso
Le chef du quartier M. Jean-Jacques Matondo
Je remercie tous les invités, tous les artistes, tous les étudiants de l’Université Marien Ngouabi et enfin un grand merci aux habitants du quartier Matour.
La première conférence de rédaction de l’atelier Journalisme et Réalisation s’est tenue à l’IFC aujourd’hui entre 12h30 et 15h30. Rendez-vous demain à l’espace Carrefour à 10h à Matour, puis à 12h30 à l’IFC si vous voulez participer aux Bruits de Mantsina, n’hésitez pas!
De gauche à droite: Achille Tchikabaka, Orchide Malonga, Grace Tengo, Ravi Bounkazi, Prince Bamanika, Roston Samba, Credo Eguenin, André Bool
Chronique de Marie-Julie Chalu d’Africultures sur l’édition 2018 du festival, avec un coup de coeur particulier pour le spectacle We call it love de Felwine Sarr, dramaturgie de Carole Karemera, mise en scène de Denis Mpunga avec Ishyo Arts Centre
Lieu : Espace Mantsina (Matour)
Dimanche 16 décembre à 20 heures!
Où sortir cette semaine ? Une nouvelle édition du festival de théâtre Mantsina sur Scène s’ouvre demain à Brazzaville. Agenda culturel avec Anne Bocandé d’Africulture.
« La bonne dose de vaillance et d’intrépidité des uns et des autres a fait prendre racine au festival Mantsina sur Scène, dans une sphère peu propice à l’éveil artistique et où la culture ne suscite aucun éveil de la part des pouvoirs publics. »
C’est par ces mots, exprimant toute la difficulté, en l’absence de structuration de la scène culturelle, et de moyens publics pour faire vivre un festival au Congo Brazzaville, que Sylvie Dyclo-Pomos, directrice artistique, introduit la 15e édition de Mantsina Sur Scène. Un festival créé en 2003, de la volonté de cinq hommes de théâtre, dont le dramaturge Dieudonné Niangouna.
Pendant dix jours, artistes et compagnies de théâtre se retrouveront autour de la thématique « L’enracinement de l’art et son envol ». Au programme, du théâtre bien sûr, chaque jour. Notons la représentation de We call it love. L’histoire se passe au Rwanda au lendemain du génocide, une histoire d’amour, une histoire de pardon. Un texte écrit par l’auteur Felwine Sarr, mis en scène par Denis Mpunga et joué par Carole Karemera.
Des lectures également. Je vous invite à écouter, vendredi, la langue poétique, une écriture parfois slamée, de l’artiste Van Olsen Dombo dans son texte Les hauts-parleurs du remord, lu par Hervé Massamba.
Zora Snake et les « Dialogues des corps »
Mantsina sur Scène c’est aussi, dans près d’une dizaine de lieux, des projections, des débats, une exposition de peintures aux Ateliers Sahm, et de la danse, avec la présence, par exemple, de la compagnie camerounaise Zora Snake.
Après Brazzaville, la compagnie sera à Ouagadougou, pour les rencontres chorégraphiques de la capitale burkinabé, « Dialogues des corps », avec leur spectacle Transfrontalier, qui entre pleinement dans la thématique de cette 12e édition de « Dialogues des corps » : « territoires et imaginaires ». Elle débute samedi prochain, nous y reviendrons plus en détail la semaine prochaine. Un événement lancé à la fin des années 2000 par les danseurs et chorégraphes Seydou Boro et Salia Sanou, qui est devenu l’un des festivals de référence en danse, en Afrique de l’Ouest.
De l’art contemporain à Dakar pour une nouvelle édition de Part’cours.
Septième édition de cette balade suggérée dans les quartiers de Dakar par ses espaces culturels et galeries d’art. À l’espace culturel Keur Massar ce dimanche soir, vernissage d’une exposition photo et peinture consacrée à la place des cauris dans l’art contemporain.
Peinture aussi, cette fois en centre-ville, dans la première galerie ouverte au Sénégal, la galerie Antenna, qui expose les œuvres de Tairou Bodian, réuni sous le titre « La danse des couleurs ».
« Lettre de loin, réponse de l’intérieur », une exposition originale proposée, elle, par le Laboratoire Agit’art autour de l’histoire du premier journal satirique du Sénégal, Le Politicien, fondé par Mam Less dans les années 1970. Pour n’en citer qu’une dernière pour aujourd’hui : A la Villa des arts, dans ses jardins privés, des photographes sont réunis pour poser leurs regards sur la ville. En tout et pour tout plus d’une vingtaine d’espaces culturels, qui, jusqu’à samedi prochain vous accueillent dans le cadre de Part’cours.
Première édition d’un événement cinéma à Dakar
Première édition d’un festival, porté notamment par l’association Cinemarekk, valorisant exclusivement les courts métrages. À partir de demain et jusqu’à samedi prochain, le festival sera rythmé par des ateliers professionnels à destination de jeunes auteurs de courts-métrages, et des diffusions de films bien sûr.
Seront notamment présentés les quatre courts-métrages du programme itinérant « Quartiers lointains », créé par la journaliste Claire Diao. Pour cette 5e édition, quatre films interrogent intimement la thématique de l’image de soi.
Et puis Dakar court c’est aussi une compétition de films. 14 films présélectionnés pour 4 prix décernés par le festival. Parmi eux, le court-métrage du rappeur belge Baloji, Kaniama Show. Kaniama qui est une rue à Lubumbashi en République démocratique du Congo, où l’artiste est né. C’est aussi le nom de son dernier album 137 rue Kaniama.