Témoignages des Mantsinistes #2: le collectif Les Alices

Bonjour,
Gens de Mantsina ou Mantsinistes, comme vous aimez vous appeler… Pris par le tourbillon du festival, du Congo, des rencontres et des représentations nous n’avons pas pris le temps d’écrire dans le cahier au centre de la table située au centre du cercle du centre du festival au centre de Brazza au centre de… bref ce cahier central de doléances passées et de désirs avenirs. Nous voulons nous rattraper aujourd’hui.
Merci à tous de nous avoir permis de vivre cette aventure. Merci de la simplicité de l’accueil, des plans A, B, C, D comme dichroïque, E… P comme parcelle. Merci de l’énergie déployée, celle visible et celle que nous n’avons pu sentir que par bribes, par rumeur, celle nécessaire face aux pressions, sabotages et autres chiures publique. Merci de la pudeur aussi, nous n’avons pas souffert de cette pression, nous, vous avez tous gardé la tête haute. MERCI de la générosité évidente rencontré à chaque niveau de collaboration, chaque instant de discussion, chaque regard du festival!

Les Mots perdus de F. Kah par le collectif Les Alices
Les Mots perdus de F. Kah par le collectif Les Alices


En tant que compagnie nous avons retrouvé chez vous le sens du théâtre, cet art de la rencontre, de la pensée portée, de l’échange, ce lieu ou l’homme peut et doit être encore neuf, se représenter nu sans obscénité, ce processus humble ou l’acteur va à la rencontre de l’instant, sans réaction connue possible…
Chaque cour nous a offert un théâtre de vie ainsi qu’un public singulier, profond. Pour nous qui débarquions comme pour ceux qui accueillaient, le spectacle ne s’est pas limité au temps de représentation, il commençait à notre arrivée dans les lieux et finissait à notre départ. Pendant toute l’installation, les répétitions NOUS NOUS REGARDIONS, les uns les autres, curieux, avec la même avidité que celle d’un public et la même générosité que celle d’un acteur. Le théâtre commençait là, dans ces regards, sans savoir qui était observateur ou observé….
… 18H30 très précise tombée de nuit et levé du rideau. Paroxysme de la rencontre ou tout le truc se met à vivre,lumière, voix, mouvement….Ce qu’on avait cru cour ou parcelle se mue en scène polymorphe, château, village, rêve…
Nous avons eu trois dieux, le premier s’appelait Bouddha, invité par Saturnin en sa cour siège du centre bouddhiste de Brazza, le second Jah ami d’Arthur et de son école miracle des langues et des mots, (Jah semble encore vibrer, je viens a l’instant de recevoir un coup de téléphone lointain de Arthur et sa femme…). Le troisième, plus austère et familier n’a pas besoin d’être nommé… Trois dieux c’est pas mal en 10 jours mais c’est rien face à tous ces yeux enfants, cieux enfants, enfants dieux. Plus que jamais, nous avons senti la faim des images et des mots, faim avide qui ne laisse pas de miettes, qui bouffe tout ce qu’on peut offrir avec gourmandise et sans retenue. Plus que jamais nous nous sommes senti faire quelque chose….
Merci…

Bravo, face à ceux qui œuvrent face au silence. Silence des morts et peur des mots, qui interdit le mot tire son pouvoir de l’ignorance, de la désespérance.
Du silence….

Mais ils ne savent pas, eux, les cloueurs de bouche, qu’en interdisant le théâtre national et autres lieux publics ils contribueraient à un festival d’autant plus riche qu’il s’affranchirait justement de ces institutions contrôlés pour investir des lieux de vie. Il ne se doutait pas que plutôt qu’un vide vous redéfiniriez le festival comme un événement qui invite le théâtre à sortir de son suaire pour entrer de plain pied dans le vivre. Le vivre de ceux à même de parler et d’entendre, et qui plein de complicité enthousiaste nous ont épaulés si solidement, Les Saturnins, Michel, Arthur, Jaures, Valérie, les enfants, les enfants, les enfants….
En ce sens peut-être devrait-on remercier les couseurs de langue? Ne sont ils pas à l’origine du nouveau virage que semblait, à notre départ, prendre le festival? En passant de Mantsina sur scène à Mantsina sans scène le festival perd-il quelque chose d’autre qu’un confort d’apparat? Je ne sais pas ce qui se serait passé si nous avions joué au théâtre national comme initialement prévu mais je doute qu’il y aurait eu autant de public, enfants et autre, ni tant de beauté, ni tant de retour, ni tant de Justesse ni tant et tant, que dans une des parcelles investies… .J’en doute.
Le premier lieu de pouvoir est celui du mot, Sony l’affirme, peut être, vos actes confirment, sûrement…
En débaptisant le centre Sony rétif au festival le mot agit.
En rebaptisant le cercle Mantsina du nom de l’écrivain le mot agit,
En remplaçant le mot théâtre par celui de spectacle vivant in situ, le mot agit,
En déguisant une parcelle en lieu de théâtre temporaire, le mot agit,
En transformant l’expression théâtre national en cimetière poussière privé, le mot agit
En faisant de l’enfant désœuvré un spectateur avide le mot agit encore…
Sony,
Nous n’avons connu les lignes de l’écrivain que récemment mais à travers vos actes, vos agissements, vos mots nous avons la sensation de le rencontrer.
ou plutôt les rencontrer… Deux grands absents, sans, sang…

Sony bien sûr et Dido évidemment.
Dido dont le vide nous laissait pantois,
avant de comprendre
l’incompréhensible,

Dido apatride le temps d’un festival…

C’est tellement dégueulasse.

Et beau de passer outre les obstacles et les baillons.

Et juste politiquement, pratiquement, artistiquement, concrètement, humainement de promouvoir un festival de parcelles, un festival in situ, au cœur de la ville, vie…

ET,
Nous étions le premier spectacle jeune public à participer au festival. Après cette expérience nous souhaitons encourager la venue de cet art chez vous…. Je ne sais pas pratiquement, mais il est possible que ça puisse intéresser pas mal de compagnies jeune public… La Belgique a une très bonne réputation en la matière, si vous lancez un appel à projet ou autre nous pouvons le faire passer par pas mal de compagnies qui font un travail de qualité……
ENFIN,
Pas mal de matériel difficile à obtenir ou cher au Congo sont assez facilement récupérables en Europe (fil électrique, taps, ampoules, projo, vis, outils divers, etc…). Pour simplifier la vie des techniciens et leur garantir un travail de qualité peut être serait il intéressant de lancer un appel aux participants lors du prochain festival?
Je crois que j’ai tout dit, et sans doute plus…Merci (désolé pour ceux dont j’écorche le nom…) Dido, Sylvie, Noëlle, Nadège, David, Cleo, Papythio, Rufin, N’Toyo, Ijahman, Arthur Valérie et leur famille, Saturnin, Merveille et tous les autres…
Bonne fête, Bonne fin de festival!!
François
Natalia
Nicolas
Jean louis
Les Alices

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Mantsina Sony sur scène… à la rencontre du public

Le principe de cette édition Sony est de jouer dans les parcelles, les places publiques, les jardins, les marchés, les salles, et partout où fourmille la vie! Il faut rendre l’Art aux gens, là où ils sont! « la parole vient du ventre de sa mère et il faut la retourner d’où elle est venue pour questionner le socle et évoluer! »